Péripatéticienne de sa génitrice

Je ne sais pas vous cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Je ne suis pas une oie blanche (voir photo), je sais que certaines personnes vivent des existences très compliquées que je peux à peine imaginer. L’écart, l’underground, voire le crime (dans le sens de transgression de la loi) s’avèrent quelques fois la seule solution à opposer au suicide. Il existe un monde en marge de la société dans laquelle j’évolue (plus ou moins), comme la plupart d’entre vous (peut-être suis-je lu par des voyous, sous couvert de logiciel d’intraçabilité, qui sait ?)(et j’invente intraçabilité si je veux monsieur le correcteur d’orthographe de mes fesses).

Je lis beaucoup de romans dont l’intrigue se situe dans les bas-fonds de la société. D’ailleurs, je me demande souvent si les auteurs se fient uniquement à leur imagination où s’ils s’immergent dans le monde de leurs personnages. A vrai dire, je doute de la deuxième solution. L’écrivain à succès vit plus souvent dans un manoir du Sussex que dans un deux pièces de Harlem. Quoique. En tout cas, les histoires sordides issues de leur cerveau malade mettent régulièrement en scène les exclus de la société, ceux qui vivent en marge. Des assassins, des dealers, des escrocs, etc… Une catégorie est sous-représentée dans les thrillers à la mode, les proxénètes. Si vous réfléchissez bien, vous vous rendrez compte que les maquereaux (injure faite aux poissons) font rarement la une de l’actualité. Il arrive, bien entendu, qu’un Dodo La Saumure se retrouve en Une de la presse, mais au fond, c’est l’exception qui confirme la règle. Et j’avoue que cette constatation me chiffonne.

De toutes les activités illicites, le proxénétisme est celle qui me révolte le plus. Curieux me direz-vous, les proxos ne tuent personne ! Je vous répondrais que, d’une part votre affirmation est discutable, d’autre part l’exploitation de l’homme par l’homme, et plus souvent dans ce cas précis de la femme par l’homme, me donne envie de vomir. La prostitution peut être un choix, j’en conviens. Il existe certainement des femmes et des hommes qui vendent leur corps volontairement sans reverser la totalité de leurs gains à des salopards. Je ne crois pas me tromper en suggérant qu’il s’agit là d’une minorité. Mais bon, libre à eux. En revanche, il ne faut pas avoir fait quinze ans d’études pour comprendre que les jeunes femmes qui arpentent les trottoirs du monde, le maquillage en berne et l’héroïne coulant dans leurs veines, n’ont pas choisi cette profession. Je rappelle à ceux d’entre vous qui en douteraient que la grande majorité des prostituées sont des jeunes femmes « portées disparues », mais dont tout le monde se fout. Je ne me souviens plus des chiffres astronomiques de disparitions inexpliquées, chaque année, dans un pays comme la France, mais une chose que je peux avancer sans me tromper, c’est qu’une frange non-négligeable des gamines disparues termine dans un bordel de Macao ou sur les trottoirs de Buenos-Aires, après avoir été battues, droguées et violées pour qu’elles deviennent de gentilles fifilles prêtes à se livrer à toutes les déviances masculines.

Dans les allées soixante-dix, une rumeur courait à Orléans. Des jeunes femmes disparaissaient de la surface de la Terre après un passage dans les cabines d’essayage de grands magasins. Puis, cette rumeur est devenue une légende urbaine. Bien sûr, personne n’a été enlevé en essayant une jupe au Printemps. Cependant, ma grand-mère aurait dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu. La traite des blanches est une réalité qui fait froid dans le dos. J’estime, à ma petite échelle, que ceux (et celles) qui commettent toutes ces atrocités sur des jeunes femmes, et sûrement des jeunes hommes, sont les pires déchets que notre planète puisse supporter. Je ne sais pas s’il faut interdire la prostitution ou s’il faut traquer les clients pour leur dresser des contraventions, et ce n’est pas à moi de le dire. Ce que je peux affirmer haut et fort, c’est qu’il ne me viendrait pas à l’idée de m’offrir les services d’une « professionnelle ».

Les pouvoirs publics semblent peu alertées par la prostitution et les dérives qu’elle engendre. J’écris cela, je n’écris rien, je suis trop jeune pour mourir.

Bien, comme j’ai lourdement plombé l’ambiance, je m’en vais vous narrer une anecdote rigolote et rigoureusement authentique.

Voilà quelques paires d’années, je débarquais, pour des raisons bassement professionnelles, dans une nouvelle ville que je ne citerai pas pour éviter le procès. Ne connaissant personne, et désireux de lier, j’avais jeté mon dévolu sur un bar minuscule sis à deux pas de chez moi. Le patron d’un certain âge avait pas mal bourlingué, et je me pointais le vendredi vers dix-sept heures, à l’ouverture, avant l’arrivée des habitués, pour discuter le bout de gras avec pépère. Il était impayable et mythomane. Le bonheur. Un jour, une jeune femme entra dans le bar et aussitôt le vieux me délaissa pour s’occuper d’elle. Ils se mirent à discuter tout bas, si bien que je n’entendis rien malgré l’exiguïté des lieux. J’avais tout de même noté que la lumière avait changé dès que la jeune femme avait investi l’endroit. Elle était belle à se damner. Vêtue entièrement de blanc, dont la transparence étudiée mais chaste, laissait deviner des dessous coquins et des trésors charnels, elle était brune aux cheveux courts, plutôt grande et charpentée à souhait (pardon pour cette description un peu sexiste, mais sincèrement, elle était magnifique). Au bout de quelques minutes, la donzelle finit son Porto et s’en alla, sans payer. Le patron se souvint alors de mon existence et me servit un demi, offert par la maison. Un peu essoufflé par la présence vaporeuse (si si c’est possible), je repris mes esprits et osai demander au bistrotier l’identité de l’apparition. Le vieil homme me toisa un instant et me glissa laconiquement : « Oublie mon gars, elle n’est pas dans tes prix ». J’en restai baba.

Non, mais sérieusement.

Gifnem29

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