(devant le succès mitigé de le nouvelle proposé ici-même hier, je présente mes excuses aux rares lecteurs déconcertés)
Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me souviens de mes cours de latin.
Je crois vous avoir déjà entretenu des individus qui m’enseignèrent naguère la langue de Cicéron. Je n’y reviendrai donc pas, même si ces messieurs me reviennent souvent à l’esprit.
Notamment celui qui eut l’honneur de me compter parmi ses disciples (de discipula, i, is =élève) alors que je m’ennuyais en année de troisième. C’était celui qui fumait pendant les cours mais qui avait l’élégance d’ouvrir la fenêtre pour chasser les miasmes, même en plein hiver. Cet homme, certainement décédé aujourd’hui, avait élaboré une technique pour faire entrer dans nos cervelles rétives les terminaisons verbales. Ainsi, il nous chantait (sic), entre deux quintes de toux, les dites terminaisons, fier de nous faire étalage de sa voix de baryton amphisémique et persuadé que nous les retiendrions aussi bien que les paroles de Julos Beaucarne ou celles d’Hubert-Félix Thiéfaine (je vous conseille au passage de réécouter « La fille du coupeur de joints », un must). Bien entendu, nos cerveaux, en partie ravagés par Iron Maiden (« Run to the hill », incontournable) et Motorhead (rip Lemmy), refusaient obstinément d’intégrer « un deux bo bi bu trois quatre a é ». Nous devions alors user de stratagèmes variés pour obtenir des vingt/vingt qu’il apposait sur nos copies sans rechigner vu qu’il prétendait défendre le savoir ancestral.
Un jour, pourtant, il me scotcha. Il n’aimait rien tant que nous narrer, entre deux quintes de toux, des petites anecdotes liées à la civilisation romaine ou à l’évolution lexicale. Un jour donc, il sortit de sa besace le mot « cras ». Et le monde s’éclaira. Evidemment l’une de ses marottes était de nous faire chercher des mots français issus du mot latin au programme du jour. Avouez que pour des gamins de quinze ans à peine dégrossis et aussi malins qu’un chasseur de pangolins, trouver un mot contenant le latin « cras » n’était pas évident. Il nous apprit alors le mot magique, le mot qui changea ma vie, la procrastination. Merci encore monsieur L., merci. « Remettre au lendemain » (la vox populi rajoutera « ce que l’on peut faire le jour même », dénaturant quelque peu la portée métaphysique du message). Pro cras, pour demain. Il existait un mot de la langue française qui signifiait « remettre à demain » ! J’en ai souillé mon slip (pardon pour cette vulgarité, de « vulgus,a, um » = ordinaire, mais le caleçon n’était pas encore à la mode).
J’aime tellement ce mot et ce qu’il induit, que j’en ai fait mon credo. Je l’ai même un peu amélioré à ma sauce. Ma bannière : » Remets au surlendemain ce que tu pouvais faire l’avant-veille ». Je ne vous cache pas que cette maxime ne simplifie pas forcément la vie.
Non, mais sérieusement.
Gifnem29
Ah, mais moi, je l’ai aimée, cette histoire. Elle ne casse pas trois pattes à un canard, mais elle m’a fait rire. Si je n’ai pas commenté, c’est que depuis je parcours la vaste toile mondiale (communément appelée vtm) à la recherche d’une photo de Cindy.
J’aimeJ’aime
Ah Cindy… Le fantasme de l’homme moderne.
Je pense qu’elle traîne sur les boulevards extérieurs…
J’aimeJ’aime
Je l’aurai demain, c’est ça ?
J’aimeJ’aime
Ben, je ne sais pas. Je l’ai posté juste après le commentaire ci-dessus.
J’aimeJ’aime
Pas reçu. J’enrage, c’est parti pour une mauvaise journée.
J’aimeJ’aime
Je récris pas, c’était assez long. Et interessant. Tant pis. Le monde ne connaîtra pas ma prose.
J’aimeJ’aime
Noté.
J’aimeJ’aime
Et mon deuxième commentaire, sur la procrastination? Il ne vous plaisait pas?
J’aimeJ’aime
Quelqu’un s’est rendu compte qu’avec « marottes » on pouvait écrire aussi « stormate » qui ne veut absolument rien dire ? Inouï, non ?
J’aimeJ’aime