
La nuit des abîmes – Juris Jurjevics – Seuil thrillers
C’est curieux…
A chaque fois que je lis un roman dont l’action se situe au-delà du cercle plaire arctique, je me fais la même réflexion. Ce n’est pas une bonne idée.
Le romancier qui s’aventure dans les déserts de glace se trouve prisonnier de ces déserts de glace. Comment voulez-vous faire preuve d’originalité en décrivant la banquise ? Une fois que vous avez égrainer le nuancier de bleu-pâle et de violets tirant sur le carmin, dès que vous avez esquissé les contours des glaçons et des crêtes coupantes comme le rasoir d’un phoque imberbe, après avoir décrit les vents si froids que si vous vous mouchez, il faut faire gaffe de ne pas jeter son nez avec le mouchoir, vous risquez de plagier un collègue vous ayant précédé dans le pays du gèle-fesses, sans aucune volonté de nuire. Bien entendu, il reste l’ours blanc. Toujours le même. Je l’imagine bien, assis sur une banquette de DS 19 défoncée, la clope au museau, le regard perdu vers les immensités réduites, à se demander quand un connard de romancier va venir lui demander s’il lui donne l’autorisation de le décrire dans son futur best-seller intitulé « Le tueur restait de glace », ou « Alors Mamie, on fait banquise ? », ou » Le con gelé vous salue bien », contre un phoque bien gras et la promesse de baisser la clim’ de sa Lexus afin de participer à la sauvegarde de l’habitat de Nounours. Qu’est-ce qui ressemble le plus à un ours blanc, selon vous ? Un ours blanc, gagné. Et pardon à la communauté des ours blancs qui peuvent voir dans mon propos une forme de discrimination colorée, mais je leur signale que eux non plus ne font pas la différence entre un glaciologue canadien titulaire d’un Bac + 43, et une bimbo australienne remplaçante. #matchnul.
Rien ne ressemble plus à un roman se déroulant au pôle nord qu’un autre roman se déroulant au pôle nord. Je parierais même qu’un petit malin revend sous l’anorak des synopsis d’aventures d’icebergs amoureux d’un brise-glace. Un détail mérite tout de même l’attention du lecteur qui ne se sera pas endormi (le froid engourdit), c’est la scène d’amour (de cul, en clair). Elle est longue, très longue, au moins dix pages, dont neuf et demie à enlever toutes ces couches de vêtements destinées à lutter contre le froid, davantage qu’à émoustiller le lecteur libidineux.
Une chose est certaine, Isidore Lune n’ira jamais traîner ses guêtres du côté d’Anchorage.
Non, mais culturellement.
Jourd’hu

(petit rappel pour les nouveaux ; 9,90 euros prix conseillé ; en vente dans toutes les bonnes librairies et sur toutes les mauvaises plateformes ; dédicace sur demande contre une somme dérisoire ; un indice : le coupable n’est pas le docteur Olive dans la bibliothèque avec un chandelier ; en vous remerciant)
Dix pages de préface, dix pages de description de la banquise, dix pages d’effeuillage, une page de love (doivent faire vite, il fait trop froid), dix pages sur les ours et autres bestioles, il reste 423 pages de suspens et d’action ou 423 pages d’ennui ?
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Un peu des deux.
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Amateur de polar j’ai assisté à la mode des dernières années qui débarque du froid….
Je pense que c’est aussi inapte que les nuits de noces réservées dans une chambre de glace. Doit y avoir un mauvais goût qui se développe envers l’influenceur. Ma formation d’indépendant d’oreilles fait tilt…
N-L
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Vous pourriez lire Le Dernier Lapon d’Olivier Truc, un roman policier qui se passe en Laponie norvégienne, et qui pourtant est un très bon roman policier !
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Merci, je note.
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« Dossiers froids » que j’ai emmenés se réchauffer sur mon caillou, m’a bien tenu en haleine jusqu’au chapitre 14 donc presque jusqu’à la fin. J’espère que tes lecteurs d’ici le liront aussi, je ne suis pas une fana de polars, mais j’avoue que j’ai passé un bon moment avec Isidore. Garderas-tu ce sympathique héros pour les prochaines histoires ?
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Merci, c’est très gratifiant. Oui, Isidore ne devrait pas tarder à retourner aux archives.
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Je ne connais pas bcp d’histoires polaires, mais je connais un auteur venu du froid et que j’adore, il s’agit de Arto Paasilinna qui est souvent très drôle
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J’aime beaucoup aussi.
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