Plus d’accord avec JJG

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Le moins que l’on puisse dire concernant mes journées, c’est qu’elles ont du mal à commencer. Depuis toujours. Le matin est mon enfer. Je vis l’enfer tous les jours.

Je n’ai jamais très bien compris l’intérêt du matin. Celui ou celle qui a inventé les matins devait être un(e) névrosé(e) dont le seul but dans la vie était de pourrir la vie des autres. Je suis sûr qu’il ou elle se faisait bousculer à la récréation par ses petits camarades.

Les journées devraient commencer vers midi, bon dix heures, mais pas plus tard.

Le matin, c’est quoi .

D’abord, le réveil. La radio qui ne débite que des mauvaises nouvelles en crachotant ce bruit insupportable qui porte sur les nerfs. Les yeux chassieux (chez moi, on dit les picouz pour les cacas d’œil, et dipicouzer signifie se réveiller complètement ; je doute que ce soit du Breton, plutôt un patois pohérois). L’appel de la couette. Les « allez encore cinq minutes ». Qui se transforment en vingt minutes, et on est à la bourre. Le pire de tout. La douche en quatrième vitesse. Le thé bouillant bu debout contre l’évier. Les vêtements de la veille. Le rouge-à-lèvres de travers.

Je hais le matins.

Enfin non.

Je haïssais les matins.

Depuis peu, je me lève tôt. Sans raison. Juste parce que j’en ai envie.

C’est dingue. Lorsque je bossais, TOUS les matins ressemblaient à des séances de torture. Maintenant que je gère mon temps à ma guise, je tombe du lit entre 6H30 et 8H. Je me demande même si je ne suis pas possédé. J’ai contacté un exorciste au cas où.

Je dois avouer qu’une fois la surprise de cette nouveauté passée, j’ai découvert un monde qui m’était totalement inconnu. Le thé à bonne température par exemple. Mais pas que.

J’ai admiré un lever de soleil. J’ai constaté la rosée sur les chatons du jardin (des plantes dont je ne connais pas le nom, pas des animaux). J’ai guetté l’apparition de Jean-Luc. J’ai baptisé Jean-Luc, un lièvre qui passe tous les matins sous ma fenêtre en suivant toujours le même chemin, au millimètre près. Sacré Jean-Luc, un monomaniaque. J’ai même trouvé des chouquettes chez le boulanger.

C’est étonnant les matins. Je vois des choses dont je n’ai vraiment pas l’habitude. Le maquillage impeccable d’une vieille dame. Le « bizarre » du village, beaucoup moins bizarre que d’habitude. L’alcoolique à jeun. La bonne humeur du buraliste. Les routes secondaires sans tracteurs (pourtant, ils se lèvent tôt les agriculteurs, non ?). Des volets fermés.

Encore un matin, un matin pour rien… Finalement non…

Non, mais sérieusement.

Gifnem29

Publicité