Je revis

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je revis.

Le printemps breton fut catastrophique…

(alors oui, je vais vous parler de météo. Tout le monde aime parler de météo. Si vous ne savez pas quoi dire à votre interlocuteur, un « Beau temps pour la saison » fonctionne quel que soit l’état de l’atmosphère ambiante. Soit réaliste, soit ironique, selon le degré de précipitations)

… mais enfin, enfin, merci leur dieu, cette mi-juin rattrape le triste climat océanique qui s’est abattu sur nous deux mois durant. Vent d’ouest, doux et humide.

Je revis.

Cette journée, je l’ai passée intégralement dans mon jardin. J’ai embrassé tout le monde. Mes fruitiers, deux fois. Mes plants de tomates, trois fois.

Je revis.

Et puis, j’ai tondu. Trente centimètres d’herbes folles. Mille mètres carrés. Tondeuse neuve. A batterie. Pas top. Puissance insuffisante. La lame reste bloquée avec deux brins d’herbe. Toutes les cinq minutes, il faut retourner l’engin et débloquer le bazar. Au risque d’y laisser un doigt. Non, je déconne, c’est sécurisé. C’est sécurisé, hein ? Toutefois, je dois lui reconnaître un indéniable avantage par rapport à son aînée thermique, asthmatique, au démarrage contestataire, voire impossible moteur chaud. Allez hop, maison de repos des tondeuses ayant rendu de fiers services. L’avantage ? Le bruit. La thermique, c’était un panzer au pot troué. La « batterie », c’est un doux ronron, un chat.

Je revis.

Et les finitions. Allongé sur l’herbe, un petit engin bien pratique, genre sécateur électrique, à la main, je fignole. Le contour des escaliers, le voisinage des arbres, les coins périlleux pour la santé de la lame, genre des pierres à la con pour faire joli, et le bassin avec ces saloperies de carpes koï(s) (ça c’était pour faire plaisir à Ignace ; c’était son cadeau pour son 3è anniversaire ; il a à peine apprécié, surtout lorsque je lui ai dit qu’il devrait nettoyer le bassin de vingt mètres carrés une fois par semaine, car il faut savoir responsabiliser les enfants).

Je revis.

J’avais oublié d’accrocher le panier derrière la tondeuse. Et moi, ramasser l’herbe, ce n’est pas ma passion. J’ai dû appeler l’école pour demander à la directrice de laisser Ignace rentrer plus tôt car sa mère était mourante. Il a pris son temps le saligaud. Une demi-heure pour faire quatre kilomètres, à cinq ans, en pleine force de l’âge, jamais j’en ferai un athlète de ce gosse. Une bière et des brocolis crus en guise de goûter, et en avant gamin ! Comme il est maladroit avec la « main » trois fois grande comme lui, en bon père pédagogue, je l’ai encouragé du bord de la touche, mais je crains de m’être endormi.

Je revis.

Bon, il est plus de minuit, je vais dire à Ignace qu’il peut aller se coucher. Il finira demain matin avant d’aller à l’école. Je crois qu’il reste des brocolis.

Je revis, je vous dis.

Non, mais sérieusement.

Gifnem29

10 commentaires sur “Je revis

      1. Félicitations pour Ignace et pour l’humour :)6
        Avec la chaleur j’ai bien envie de remettre à plus tard les travaux de jardinage. Après tout, un peu de nature sauvage c’est bien aussi. Et Ignace pourra se baigner dans la petite piscine. 😉

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