Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me raconte.
Malte existe, et franchement, je me demande bien pourquoi.
Malte, c’est nul. Bon, ma franchise légendaire me pousse à vous préciser que mon séjour sur cette île perdue date du milieu des années 90. Il est possible que les choses aient évolué depuis.
Malte, c’était nul dans les années 90.
Un été d’ennui sans projet, un ex-ami et moi-même décidâmes de pousser la porte d’une agence de voyages et de prendre la première destination proposée par l’officiante, dans la mesure de nos bourses respectives. La jeune femme nous offrit un choix. Soit les îles éoliennes, soit Malte. Nous la remerciâmes en lui promettant de revenir le lendemain et nous consultâmes face à quelques verres de bière. Nous optâmes pour Malte, estimant que ce voyage paraissait plus exotique que les îles italiennes. Chacun le sait aujourd’hui, l’abus d’alcool nuit gravement à la santé. Je rajouterai, et aux voyages.
Si le périple aérien se passa sans encombres, malgré nos phobies respectives pour les aéroplanes, une fois à Malte nous évoluâmes de surprises en déconvenues. Tout d’abord, notre hôtel se trouvait à Perpète-les-Ours (oui, il existe une commune de ce nom à Malte également) par rapport au centre névralgique de l’île. L’hôtel se trouvait donc à l’écart de tout (même si nous comprîmes assez vite que tout est à l’écart de tout, à Malte), mais surtout, le dépliant que l’on nous avait remis à l’agence de voyages ne représentait pas l’hôtel, mais le projet d’hôtel. Et visiblement, les financiers avaient rencontré de sérieux problèmes de trésorerie. Tout l’argent disponible était passé dans le hall d’accueil. Pour le coup, c’était Las Vegas. Des lumières, des dorures, une rotonde, on en prenait plein la vue. Puis, très vite, ça se gâtait. D’abord la chambre. Ne nous grimpant pas dessus lors de nuits fiévreuses, mon ex-ami et moi-même avions signé pour une chambre à deux lits. Les Maltais ne savent pas compter jusqu’à deux. La chambre ne comportait qu’un lit, et pas vraiment un king size. Nous dûmes batailler pendant des heures pour obtenir une chambre double. Celle-ci bénéficiait d’une vue imprenable sur un local à poubelles et la tuyauterie servait également de réveille-matin, ou de réveille-toultan, pour me montrer plus exact. Fatigués, nous décidâmes de nous prélasser au bord de la piscine fort alléchante au demeurant. Dans le prospectus. Un habile photographe, donc un escroc, avait pris le cliché en disposant son appareil au niveau de l’eau et en utilisant une focale X (je prierai un de mes lecteurs attentifs de préciser le nom de cette focale qui permet de donner de la profondeur à la photographie, j’en ai assez de chercher des trucs sur G.). En réalité, la piscine était à peine plus grande qu’un pédiluve, tout aussi sale et toute aussi pleine de gamins insupportables et d’Allemands rougeauds. Heureusement, la mer était très proche. Ce que les touristes n’avaient pas l’air de vouloir apprécier vu que celle-ci n’était pas comprise dans le prix du séjour. Elle était gratuite.
Nous mangeâmes correctement sous les yeux d’un garde-chiourme qui imposait à tous les commensaux d’ôter leur couvre-chef avant de s’installer à table (putain ! je paye ! si je veux je mets un sombrero rose pour bouffer ! c’est quoi ton problème !). Tradition maltaise, semble-t-il. Je portais un bandana (années 90, je vous ai dit…), il voulut à tout prix que je l’enlevasse. Il m’énervait tellement que je lui ai dit que j’étais malade et que je perdais mes cheveux. Par la suite, il m’a fichu une paix royale de crainte que je sois contagieux.
Comme l’hôtel était tout pourri, nous choisîmes d’y passer le moins de temps possible, en explorant l’île. Problème, il n’y a rien à explorer, sauf quelques îles plus petites et leurs grottes accessibles uniquement par la mer. Les Maltais savent que c’est le seul truc qui vaut le coup chez eux, donc les excursions en bateau vous coûtent un bras. S’allonger sur une plage équivaut à s’introduire dans un four à pizzas allumé, mais sans pizzas, trop chaud. Reste La Valette, la capitale. Plutôt sympa avec son musée de la torture, mais évitez de déambuler dans les petites rues entre midi et quatorze heures, à la recherche d’un petit restaurant pittoresque. Les rues sont archi-vides (tu m’étonnes, il fait 73° à l’ombre ; si si il y a de l’ombre), les restaurants sont archi-introuvables, ou archi-fermés à cette heure-là, ma pauvre dame.
Bref, le meilleur moment de ce voyage fut le débrief éthylique, en terrasse, à Paris.
Non, mais sérieusement.
Gifnem29
Mais c’est l’endroit idéal pour être tranquille 😂 ça semble plus paumé que chez moi…..
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Non, c’est blindé de touristes.
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Ah 🤔
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Mauvais choix en effet ! Le mieux, c’est le débriefing à l’écossaise : whisky pure Malte !
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Dans une autre vie, c’est ce que j’ai fait.
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oui, mais quels souvenirs en fait ! peut être plus vifs que si vous aviez aimé
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D’une certaine manière, vous avez raison.
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