Santons mauvais

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Le mois de décembre bien entamé, vous êtes, certainement, un certain nombre à avoir dressé, dans le salon, la crèche. Avez-vous, délicatement, prélevé de la mousse dans le jardin, pour figurer la verte herbe bethléèmienne ? Avez-vous disposé un petit tas de paille destiné à accueillir l’enfant Jésus ? Et surtout, surtout, avez-vous disposé les santons autour de l’étable fabriquée par votre grand-père en 1953 ?

Les santons.

Dans mes souvenirs de petit catholique bon teint (j’ai définitivement tourné le dos à la religion maternelle l’année de mes onze ans) qui gravait des insanités sur les bancs de l’église pour faire en sorte que ce temps perdu passe plus vite, les personnages de la crèche se résumaient à Marie, son cocu, quelques bergers potes avec une étoile, et les pieds nickelés disposés sur le chemin de l’étable, juste à côté de la télé. Mais jamais, ô grand jamais, la scène d’inspiration charlatanesque n’aurait accueilli un santon inspiré de la vie profane.

Visiblement, les temps ont changé.

Depuis quelques années, les personnages de la vie païenne fleurissent dans les crèches des familles françaises. 2021 est l’année d’un santon plutôt singulier. Le professeur Raoult. J’avoue que j’ai été titillé par le désir d’offrir la figurine à ma génitrice, juste pour observer sa réaction. Mais mon sadisme connait des limites.

Il est tout de même curieux ce monsieur Raoult. Outre qu’il devrait intenter un procès à son coiffeur, j’estime qu’il devrait aussi bénéficier des conseils d’un bon coach en communication, même si je ne crois pas du tout à cette mode du « coaching ». Au moins, que quelqu’un lui dise que sa mégalomanie joue en sa défaveur.

Si vous ne trouvez pas le santon Raoult chez votre concessionnaire favori, vous pouvez toujours glisser, dans le dos de Jo, un petit flacon d’hydroxychloroquine.

Non, mais sérieusement.

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