Voyelle(s)

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

En réalité, Rimbaud s’est trompé. « i rouge », ben non, « i vert ».

L’hiver frappe à notre porte. N’ouvrez pas malheureux !

« Entre ici l’hiver avec ton cortège d’averses de neige, de tartiflettes et de bonnets ridicules ». L’hiver au Panthéon. Non, Joséphine Baker risquerait d’attraper froid.

Perso, j’aime bien l’hiver. Parce qu’il annonce la fin de l’automne. Et puis, si tout va bien, dans trois mois c’est le printemps. Et j’aime bien le printemps. C’est la saison des arbres. Et j’aime bien les arbres.

Bon, c’est bien beau de déconner, mais un peu de culture maintenant.

L’espérance de vie d’un homme, en France, est de 79 ans et des brouettes, arrondissons à 80, c’est plus simple (au passage, mesdames, vous qui voulez l’égalité en tout, je suis d’accord, mais il faudra accepter de mourir un peu plus tôt, et de péter au lit, mais ceci est un autre sujet). La symbolique populaire, vite absorbée par l’intelligentsia littéraire, divise l’âge d’un homme en quatre, comme les saisons. Quatre périodes de vingt ans. 0/20, le printemps, 21/40, l’été, 41/60, l’automne, 61/80, l’hiver. Au-delà de 80, c’est si vous avez été sage et si vous avez au moins 50% de bonus chez votre mutuelle.

Dans trois semaines, j’aurai achevé ma 55è année sur cette terre de souffrances et de chansons de Britney Spears (quoique, c’est un peu la même chose, non ?). Autrement dit, il me reste un quart d’automne à effectuer avant de plonger dans l’obscurité hivernale. Je suis fin novembre. Peut-être, tout juste, le 1er décembre. Je suis un arbre qui n’a pas encore perdu toutes ses feuilles. Mais de peu. Il en reste une petite dizaine qui s’accroche en haut à droite. Elles ont fait un pari, à celle qui tiendra le plus longtemps. L’année dernière, Julie est tombée le 17 janvier, un record. Je suis un toit qui n’a pas encore connu la neige. Juste un givre permanent sur les descentes d’ardoises et dans les gouttières. Une pelle à neige rouillée abandonnée contre la margelle du puits asséché. Un chat efflanqué à la démarche fière, la queue en crosse d’évêque, les coussinets comme du charbon et les moustaches effilochées. Bientôt l’hiver.

En réalité, Arthur ne s’est pas trompé. Dans « Le dromeur du val », il a écrit :

« Pâle dans son l’i vert où la lumière pleut »

Comme quoi.

Non, mais sérieusement.

Gifnem29

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5 commentaires sur “Voyelle(s)

  1. Bien installé dans l’hiver, je constate que, malgré mes tentatives, je laisse peu de traces sur la neige. Le poids des années ne m’aurait-il pas atteint ? J’en doute.
    Très bon billet.

    Aimé par 1 personne

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