Zébu

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je m’autopsychanalyse.

Zébu.

Mais pas tant que cela en réalité. Mon corps ne voulait pas.

Il faut que je vous explique quelque chose. Si mon enveloppe externe frôle la perfection, à tel point que Brad Pitt aurait demandé à son chirurgien plastique de reproduire, sur sa personne, mon faciès avantageux et mes fesses callipyges, je dois vous avouer que mes organes internes présentent un nombre de malfaçons proche de celles d’un pull-over Dolce & Gabbana issu des ateliers de l’empire du milieu.

Longtemps, j’ai cru que j’étais fabriqué comme tout le monde. Jusqu’à ce que je découvre les méfaits de la boisson, vers dix-huit ans. Vous le constatez, je ne suis pas un précoce. La boisson donc. Assez vite, je me suis rendu compte de deux choses liées à l’ingurgitation excessive de liquide à base de houblon (rapidement j’ai apprécié le vin, puis le ouiski, puis la vodka, puis tout en fait, sauf la Suze, c’est presque aussi dégueulasse que les tisanes de mon herboriste, la Suze). Tout d’abord, je tenais plutôt bien la marée. Ce qui dans mon pays est bien vu des crétins mais très mal vu de votre portefeuilles. Deuxième constatation, les lendemains de libations étaient très difficiles. Dès mes jeunes années, il me faut pratiquement 24 heures pour récupérer une vie normale après une dizaine d’heures dans un lieu de débauche. Le jeune homme lambda, à quantité égale, souffre d’un mal de crâne qu’un alka-seltzer fera disparaître en un rien de temps (je ne fais pas de sexisme, c’est juste que mon expérience de comptoir compte assez peu d’individus du beau sexe). Me concernant, point de maux de tête, nulle nausée, mais un état général pouvant être comparé à celui que vous ressentez en salle de réveil après un triple pontage cardiaque.

Zébu.

Mais pas tant que cela.

En raison de mes difficultés post-fiestas, un péril ne m’a jamais guetté. L’alcoolisme. En effet, j’ai été assez sage pour ne jamais boire la veille d’un jour de boulot. Jamais. Enfin si, une fois. Et faire cours dans mon état post-alcoolique m’a vacciné à vie. Ensuite, contrairement à mes ex-amis, il m’était impossible de faire la java deux soirs de suite, même en soignant le mal par le mal. J’ai essayé bien sûr (toutefois, je reconnais les bienfaits des boissons anisées afin de ne pas couler, vu mon influence grandissante, l’industrie du petit jaune).

Zébu.

Mais pas tant que cela.

Pourtant, j’ai payé une addition drôlement salée. Pancréatite à 49 ans. 80% des pancréatites sont d’origine alcoolique. La mienne ne l’était pas et l’était en même temps. Les toubibs se sont arrachés les cheveux pour poser un diagnostic, une fois que je suis parvenu à les convaincre (et croyez-moi, ce ne fut pas une sinécure) que ma consommation de spiritueux dépassait les bornes, certes, mais pas de tant que cela. Ils m’ont laissé sortir de l’hosto avec plus de questions sous le bras que de réponses. J’exagère. Une infirmière m’a donné une explication qui en vaut bien une autre. C’est elle, la première, à m’avoir parlé d’organes plus faibles que la normale. Et puis, récemment, lors d’une visite chez une angiologue, bien que ce ne soit pas sa partie, et prétextant des recherches pour un personnage de mon roman en cours, je lui ai demandé si elle savait pourquoi tout le monde n’était pas à égalité devant la gueule de bois. Elle m’a donné une réponse clairvoyante. Il s’agit d’un déficit d’un(e) certain(e) enzyme hépatique. Mon foie aussi est faible.

Zébu.

Ze bois plus du tout, depuis six ans, bientôt sept.

Et je m’emmerde à cent sous de l’heure.

Non, mais sérieusement.

Gifnem29

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13 commentaires sur “Zébu

  1. fesses callipyges. C’est un pléonasme, ça.
    Pour l’alcool, je reconnais qu’il est difficile de s’en passer. J’en boirais bien plus souvent, mais ma femme ne veut pas. Je dois choisir entre elle et la bière, mais, au matin, elle est toujours là!

    Aimé par 2 personnes

  2. alors ça c’est la tuile et je compatis car la boisson au houblon est souvent le dernier plaisir qu’il nous reste quand le Ricard, le ouiski, la vodka, la prune, l’aguardiente , le cognac, la cachassa , le petit vin blanc qu’on boit sous les tonnelles, j’en oublie zut, nous ont lâchement abandonné !

    Aimé par 1 personne

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