Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je raconte ma vie.
En mars dernier, j’ai eu la douleur de perdre mon meilleur ami. Il se trouve que, pour des raisons différentes, nous nous étions tous les deux trouvés dans l’obligation de retourner vivre chez nos veuves de mères, à une centaine de mètres l’un de l’autre. Un jour, alors que nous discutions devant chez lui, je remarquais, dans le garage ouvert, un tas de bois. Il m’apprit que la cheminée ne fonctionnait plus et que sa mère ne savait pas quoi faire de ce bois. Je m’offris de le débarrasser car cela arrangeait bien les deux parties, dans la mesure où la cheminée, chez ma génitrice, marche très bien, et souvent. Sitôt dit sitôt fait. Il y avait une trentaine de bûches. Alors, je notais un étrange sourire sur le visage de mon ami. Il me fit signe de le suivre au fond du garage où il ouvrit une soupente entièrement remplie de bois du sol au plafond. Que du bois bien sec, presque trop, qui pourrissait là depuis plus de dix ans, et qui n’attendait que de participer à une bonne flambée. Je pouvais l’embarquer, au grand plaisir de madame.
La mort a changé mes projets.
Quelques mois plus tard, l’été dernier, j’ai repensé à ce bois. Mais, j’ai eu des scrupules. Je me voyais comme un charognard profitant de la détresse de cette femme (qui n’avait pas voulu entendre parler d’argent) ayant perdu son mari, puis son fils dix ans plus tard.
J’étais en contact avec la petite sœur de mon ami disparu, depuis les obsèques. Je la retrouvais sur FB, et lui exposais mon dilemme. Elle m’engueula presque (mais gentiment), m’accusant d’avoir laissé tomber sa mère. Je lui promis de m’occuper de ce combustible dans les meilleurs délais.
Un coup de fil à mon cousin par la fenêtre, toujours prêt à rendre service, et qui possède, outre un humour en béton, une cariole qui peut trimballer douze armoires bretonnes, et, hier après-midi, en avant Guingamp. Trois aller(s)-retour(s), la cariole ras la gueule. Trois heures de boulot. Des bras et un dos en compote.
Alors que nous remplissions la troisième fournée, deux messieurs d’un certain âge sont apparus comme sortis de nulle part. Poliment, mais fermement, ils se sont enquis de la raison de notre présence. Je me suis présenté (j’ai la « chance » d’être le fils d’une femme assez connue dans la bourgade) et j’ai expliqué les faits. Les deux hommes ont hoché la tête et se sont éclipsés. Nous avons pu finir d’enterrer la vieille, puis faire main basse sur ses bijoux et ses emprunts russes.
Mais nooooon ! Bien sûr que non !
J’ai lu, récemment, que de plus en plus de Français prennent soin de leur quartier et de leurs voisins plus sensibles. Je trouve cela plutôt bien.
Sauf que.
Il y a deux ou trois ans des gendarmes se sont pointés chez ma mère. Ils lui ont demandé d’ouvrir l’œil et de les prévenir si elle remarquait la présence d’une voiture suspecte dans le voisinage. A 80 ans passés !
Non, mais sérieusement.
Gifnem29
Cumpez !
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Décumpez ! Plutôt…
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Wouaf !
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