Tables

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Pas de journée internationale aujourd’hui. Je suis aux abois car, en général, en cas de panne d’inspiration, je pioche dans cette originale liste des trucs qui ne servent à rien.

Heureusement, en France, cette semaine est dédiée aux mathématiques.

Et les mathématiques, c’est mon truc.

J’ai obtenu un magnifique 16/20 au Bac. Oui, m’sieurs dames. On en parle encore dans les couloirs de l’éducation nationale. Bon, c’était l’oral du Bac A2. Mais tout de même.

Je me souviens encore de ce petit matin frileux, début juillet. Depuis mon levé, aux aurores, je révisais, dans ma tête, ma table de quatre. Corsée. Je croisais Thierry, un camarade de classe, qui marmonnait la table des zéro(s) avec difficulté.

Je me vois toujours entrer dans cette salle de classe. Les murs jaunis par les ans se rapprochaient de moi pour me dévorer. Le tableau vert se précipita sur moi pour m’étouffer dans sa poussière de craie colorée. Une goule aux dents acérées m’alpagua pour s’abreuver à ma veine jugulaire. Puis elle changea d’avis et m’imposa de résoudre une fonction (ou un truc du même genre, enfin un machin avec une courbe, et g rond f, et f rongé, je n’ai jamais rien capté…). Je lui demandai de boire mon sang de préférence. Je sentais bien qu’elle aurait voulu se trouver ailleurs, avec des Bac C, par exemple. Alors, elle refusa mon liquide pourpre.

Je me suis planté sur la courbe. 16/20. Je crois que l’examinatrice était, en réalité, une femme de service égarée.

Ensuite, j’ai inventé la racine ronde, qui a connu un succès d’estime au Bhoutan, et ma carrière dans les mathématiques s’est arrêtée là.

Non, mais sérieusement.

Gifnem29