Transactions

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Comme beaucoup de gens de la classe moyenne plus, ma génitrice conserve à son domicile un nombre incalculable de trucs qui ne sortent jamais des placards et qui pourraient, avec un brin de recherche, se transformer en espèces sonnantes et trébuchantes qui, elles-mêmes, sauraient trouver une utilité en ces temps incertains.

Par exemple, feu mon père était un amateur de monnaies et, notamment, de celles de l’antiquité romaine. Toute sa vie, il a accumulé un grand nombre de pièces datant de deux mille ans, dans ces eaux-là. Récemment, je me suis intéressé à sa collection, non pas dans un but d’instruction historique, mais dans un but de renflouement bancaire. Sincèrement, j’imaginais que nous possédions une petite fortune, disons un VW Golf toutes options. Après des recherches assez poussées, je suis retombé sur terre, et j’ai divisé par dix, minimum, mes prétentions financières. Logique au fond. Mon géniteur ne roulait pas sur l’or, la majorité de ses pièces a été achetée au kilo et ne valent pas un pet de lapin.

De toutes façons, ma mère qui ne jette jamais un œil sur la collection, refuse d’entendre parler de vente. Je crois qu’elle préfèrerait bouffer des rutabagas pourris plutôt que de toucher au trésor de son mari.

Mais l’autre jour, surprise. Elle m’a demandé si je connaissais le bouquiniste qui vient de s’installer en ville (c’est le cas, c’est lui qui fait les marchés et qui avait mon livre, à peine trois mois après sa sortie). Elle m’a dit qu’elle voulait faire de la place dans la bibliothèque pour ses bouquins à elle, et, par conséquent, de voir si le mec ne serait pas intéressé par les bouquins traitant des monnaies (et des armes par la même occasion, car oui mon père aimait aussi les armes, toutefois, rassurez-vous, ce n’est pas Fort-Alamo à la maison). J’ai donc fait une sélection d’une vingtaine de bouquins qui me semblaient posséder un potentiel financier. Résultat, il a retenu cinq livres, et je suis rentré chez moi plus riche de trente euros. C’est mieux que rien, mais ce n’est pas le Pérou.

En rangeant les invendus, j’ai remarqué de curieux bouquins qui m’avaient échappé la première fois. Curieux, parce que chacun d’eux, au nombre de huit, est emballé dans un carton rigide. Intrigué, et échaudé, à la fois, je suis allé me renseigner sur internet.

Demain, je retourne voir mon bouquiniste. Il a intérêt à avoir du cash sur lui, et pas qu’un peu…

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29

50 commentaires sur “Transactions

      1. Avec mes affectueuses excuses pour mon intervention. Je voulais juste faire comprendre que si je trouvais chez moi une dédicace du ‘révolutionnaire’ sud américain… j’y aurais foutu le feu! C’est tout…

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