Légo

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Je ne cesse (trop ?) de vous raconter que j’obéis à ma médecin, et que, par conséquent, je m’efforce de marcher au moins quarante minutes, à moyenne haute intensité, chaque jour. Je vous ai, déjà, détaillé mon problème lié au manque de variation dans mes itinéraires, et, du coup, d’une forme de lassitude qui s’installe.

Toutefois, depuis que j’ai découvert le lotissement en construction, à côté de chez moi, je joue l’inspecteur des travaux finis au moins une fois par semaine. C’est agréable de voir ces fiers édifices sortir de terre grâce à l’intervention des mains habiles des ouvriers qualifiés formés dans les centres d’apprentissage de France, de Navarre ou d’ailleurs.

Or, il se trouve, que l’une des maisons ne connait pas la même destinée que les autres. Il se murmure dans le quartier (tailler ses haies crée des rapprochements) que le propriétaire de ce bâtiment s’occupe tout seul de tout.

Pour quelqu’un comme moi bénéficiaire d’une formation intellectuelle à la mords-moi-le-nœud (dans la mesure où cinq années de fac ne m’ont absolument rien appris si ce n’est à développer l’inné), mais absolument incapable de construire un abri pour le bois (je sais, j’ai essayé), observer un homme ou une femme capable de construire sa maison de a à z relève de l’expérience extrasensorielle, limite extraterrestre.

J’ai rencontré le gars. Je suis plutôt un taiseux misanthrope, mais, je ne sais pas pourquoi, j’ai eu envie de lui parler. Il s’avère qu’il est très sympathique. Il s’est montré étonné de mon admiration à son endroit. Selon lui, l’avantage des travaux manuels, c’est qu’ils sont à la portée de tous. Il suffit de s’y mettre. Je pense que c’est ce que l’on appelle l’humilité de l’artisan. Parce que, bien sûr, c’est totalement faux.

J’ai été tenté de lui demander de m’initier, mais comme je tortillais, il s’est renseigné sur mon activité alimentaire. J’ai fait preuve de vanité en me classant dans la catégorie des romanciers. Il a ouvert très grand ses yeux et a sifflé entre ses dents. Il a éprouvé le besoin de s’excuser car il n’est pas lecteur, j’ai rétorqué que je n’étais pas constructeur. Nous nous sommes regardés, un peu gênés. Puis nous avons ri, gauchement.

N’empêche, je reste persuadé que si cet homme décidait d’écrire un bouquin, il y parviendrait. Je ne dis pas que ce serait le futur Goncourt, mais il pourrait, certainement, donner des conseils aux bricolos du dimanche. Si je décidais de construire une maison… Je ne peux pas finir cette phrase tant elle est improbable.

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29

18 commentaires sur “Légo

  1. Mon père était brillant (un tantinet Asperger), mais provenant d’une famille modeste, les études c’était les gens aisés. Il se fit fermier, menuisier, électricien, mécanicien. Étant névrosé et intuitif comme le fut ma mère et un brin Asperger comme le paternel, je me suis réfugié dans les livres. Par contre, j’envie les cols bleus et les haltérophiles. Bref, tout et son contraire.

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  2. Je confirme : chacun ses capacités. Mais nous sommes complémentaires. Mon conjoint peut construire une maison. Il va râler que le béton, c’est de la merde, mais il a construit. C’est vrai qu’il est doué pour travailler la pierre et que dans la région, il a beaucoup restauré.
    Comme j’ai acheté une (presque) ruine, il a fait quelques travaux, restauré la façade sud à l’ancienne et……monté le conduit de cheminée pour la chaudière.
    Il était sur le toit et me braillait ses ordres : c’est pas compliqué, tu melanges ça, ça et ça, tu prends la brouette, la pelle, tu melanges….
    Euh, je mets combien de chaque ? Réponse : ben, tu vois à la texture, c’est pas compliqué…
    Si tu le dis.
    Je me suis appliquée, je vous promets que j’y ai mis toute la bonne volonté possible.
    Je remplis un seau qu’il hisse sur le toit à la corde.
    Je le vois arriver vers moi en furie : trop liquide, pas assez de ceci ou de celà. J’ai pris une engueulade et LA question habituelle : et tu as fait 12 ans d’études post Bac ?
    Bien sûr, ce n’était pas le moment d’entamer une discussion 😁
    Mais un peu plus tard, les rôles se sont inversés. Il avait besoin de mes compétences.
    Personne ne sait tout faire, ensemble nous sommes complémentaires et nous allons plus loin 🙂
    Depuis, l’équilibre s’est installé.

    Mais dis moi Denis, tu définis Asperger comment ? Je sais que c’est une grande mode mais les autistes dits de haut niveau souffrent. C’est une pathologie très lourde.
    Nous sommes tous névrosés, c’est notre capacité à refouler certains événements, notre psychisme utilise ce mécanisme pour nous protéger (de la folie, de la psychose…).
    Être brillant, c’est généralement avoir une personnalité équilibré avec un QI global de 110 (émotionnel, capacités motrices et intellectuelles).
    C’est le cas de fille aînée qui réussi tout ce qu’elle entreprend.
    Petite chérie et moi même avons un QI élevé qui ne nous a pas rendu service. Nous avons appris à gérer nos émotions mais c’est compliqué. Nous ne sommes cependant pas autistes.
    Mouais, la psychologie fait partie de mon domaine de compétences 😉. Mais je ne suis pas maçon.
    Bon dimanche à tous.

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    1. Bonjour Angélique, Asperger comment ? Enfant, je lisais trois fois un article dans une encyclopédie et je pouvais parler pendant 30 minutes de César, Cléopâtre, Marc-Antoine et cie. Un jour, j’ai eu vent que mon adorable frère voulait déchirer mon carnet de nos de tél. En un après-midi, j’ai appris le carnet au complet, puis je l’ai balancé dans un corbeille devant lui. Je suis hyper-routinier, un peu psycho-rigide pour certains trucs. Plus de cinq personnes autour de moi, je fuis. J’évite trop de stimuli. Normalement, j’écris dans le silence le plus complet. Les choses doivent être rangées dans un certain ordre, si on les bouge, je panique.

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      1. Oui Denis, comme tous les enfants « doués » mais j’ai travaillé avec des Autistes dits de haut niveau au laboratoire de psychologie de sainte Anne et rien à voir avec l’autisme.
        A 5 ans, je lisais Kant parce que c’est le premier livre que j’ai trouvé chez ma grand mère.
        Je n’aime pas les gens, je préfère les animaux. La plupart du temps, je vis en bivouac sans aucun réseau…… Mais rien à voir avec l’autisme.
        Les TOC sont courants mais la rééducation est possible. L’autisme, c’est…. galère, imprévisible et insurmontable.
        Le côté psycho rigide se retrouve beaucoup plus dans la perversion narcissique 😂. Ça te sert à quoi de te mettre une étiquette comme ça ? Tu réalises que ce n’est pas rendre service aux enfants concernés ?
        Déjà qu’au 21 ème siècle, un gosse simplement mal élevé est étiqueté « hyper actif »
        Sincèrement la psychologie de comptoir circule malheureusement mieux que la science et je ne suis pas encore à la retraite.
        J’ai un excellent partenaire pour les diagnostiques, il s’appelle Ganesh 😉.
        C’est bien cinq personnes déjà, tu peux t’en réjouir. Bonne semaine.

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  3. Pour qui sait faire et est passionné, oui, ce n’est jamais compliqué.
    De la maison à la voiture en passant par l’électroménager avec un détour par l’ordinateur, rien n’a connu la visite de quelconque réparateur dans la maison familiale.
    Je regrette juste de ne me pas m’y être intéressée petite pour apprendre auprès du maître. Cela m’aurait pris moins de temps pour remplacer la chasse d’eau ou encore le moteur du plateau tournant de mon micro-ondes. Bientôt je m’attaque au changement du rétroviseur que l’on m’a volé. Mais par prudence, je vais aller chez le maître pour appeler au secours au cas où.
    Chacun ses talents !

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