Marché noir

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Depuis bientôt un mois, les rayons « moutarde » des grandes surfaces françaises sont désespérément vides. Les pouvoirs publics ne semblent pas mesurer l’importance de la catastrophe. En effet, pour 43% des Français, la vie sans moutarde est inenvisageable. La colère gronde. D’autant qu’il faudra attendre, au mieux, septembre pour que les bocaux garnissent de nouveau les étagères de votre épicerie favorite.

Ce matin, en ville, j’ai vu des ombres furtives se glisser de porche en porche, il pleuvait, et proposer aux passants des bocaux dissimulés sous leur imperméable. De l’argent passait de main en main. Le marché noir a commencé.

Et ce n’est que le début.

Déjà, les agriculteurs alertent sur la production déficiente de beurre. Il paraît que les vaches produisent moins de lait et que certains pays, comme la Chine, sont prêts à verser des sommes folles pour satisfaire une lubie relativement récente, le beurre. Et du beurre français !

Alors, vivre sans moutarde, personnellement, je devrais y arriver. Mais vivre sans beurre, là, je dis non ! Comme pour tout bon breton qui se respecte, le pain-beurre (comme disait ma grand-mère), beurre salé, bien entendu, est la base de mon alimentation. Pour parler clairement, je pourrais facilement m’alimenter, exclusivement, de pain beurré. Enfin, si je n’étais pas diabétique. Donc, il me semble urgent de se mobiliser pour déclarer la guerre à la Chine.

D’autres produits vont suivre. Et pas des moindres. Ne riez pas, le papier hygiénique risque de compléter la liste des abonnés absents. Comme nos toilettes ne sont pas, majoritairement, équipées d’un lavabo d’appoint, il faut s’attendre à voir les gens quitter le petit coin, la jupe à la taille ou le pantalon sur les chevilles, pour se rendre au point d’eau le plus proche.

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – juin 2022

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