Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.
L’année de mes douze ans, j’ai vécu un drame affreux. Je suis devenu myope (oui bon, on a les drames que l’on peut). Quasiment du jour au lendemain, ma vue est passée de 10/10 à chaque œil, à -6 et -4,5. Myope comme une taupe. Et astigmate par dessus le marché. Héritage paternel vraisemblablement vu que mon géniteur a porté des culs de bouteille toute sa vie. C’est, à peu de choses près, tout ce qu’il m’a laissé.
A cette époque, les lunettes n’avaient pas encore envahi les visages des gamins. Les binoclards étaient les exceptions et, par conséquent, les victimes des quolibets de leurs camarades, sans compter que les chances auprès des filles se réduisaient considérablement. J’en ai pleuré des nuits entières, cassé ma première monture en la projetant contre un mur, puis, j’ai fini par comprendre que je n’avais pas le choix (il n’était même pas question d’opération à ce moment-là). Depuis, mes lunettes sont devenues une partie intégrante de moi-même. J’ai bien tenté les lentilles pendant quelques mois mais j’ai fait une erreur, je suis allé chez une bouchère au lieu de prendre rendez-vous chez une ophtalmo. Résultat, des lentilles que je supportais huit heures grand maximum et qui m’ont bousillé les yeux.
A partir du moment où j’ai dû chausser des binocles tous les matins, une question m’a titillé. Sans lunettes, je suis incapable de me mouvoir dans mon environnement. Les bien-voyants n’y pensent pas, mais certaines situations de la vie courante sont compliquées pour les myopes. Choisir des lunettes par exemple. Par définition, lorsque l’on essaye une nouvelle paire de lunettes, celles que l’on pose sur son nez ne corrigent pas votre vision, donc si vous êtes venu seul, vous faites confiance aux goûts du vendeur. La natation également. Sauf pour ceux qui ont assez de sous pour se payer des lunettes de nage adaptées à leur correction. Mais ça coûte une blinde et ce n’est pas remboursé. M’en fous, je ne sais pas nager. La garde à vue. Pour une raison qui m’échappe, et qui s’apparente à de la discrimination, lors d’une détention provisoire, on vous confisque vos lunettes, de crainte que vous ne vous ouvriez les veines avec les verres qui sont en plastique depuis trente ans, alors que vous iriez plus vite avec la fermeture Eclair de votre braguette. En revanche, si on vous enferme pour un plus long laps de temps, vous pouvez garder vos lorgnons et vous suicider tranquillement. Enfin, vous ne pouvez pas participer à « Colle en tas » parce que vos verres pourraient servir de loupe pour capter les rayons du soleil, et, ainsi, faire du feu trop facilement, construire un four à pizzas et servir des calzones à toute la tribu réunifiée afin de vous faire bien voir et ainsi, ne pas vous faire éliminer au prochain conseil, car vous n’avez pas réussi à mettre la main sur ce foutu collier d’immunité.
La question ? Quelle question ? Ah oui, la question.
Mais comment faisaient les gens avant l’invention des verres correcteurs ?
Lorsque j’étais étudiant, je connaissais un garçon qui préférait vivre sans lunettes alors qu’il était presque aussi myope que moi. Il ne portait des lunettes que pour conduire. Aujourd’hui encore, je me demande comment il s’en sortait (depuis, il s’est fait opérer et a récupéré 10/10 à chaque œil). Mais il y a fort lointain, avant l’apparition de la zyeutologie, je suppose que la myopie existait déjà. Ce n’est pas une invention récente, que je sache.
Par exemple, au Moyen-Âge, comment repérait-on les archers myopes ? Les instructeurs devaient s’arracher les cheveux avec les 20% de débiles qui rataient une vache sur un chemin de ronde.
Ou dans la Rome antique, comment réagissaient les sénateurs qui se faisaient signe d’un bout à l’autre du forum quand l’un d’entre eux ne répondaient pas ? Ils ourdissaient pour envoyer le malotru au cirque, côté lions.
Et puis, qui a compris, le premier, que certains de ses contemporains ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez ? Et comment l’idée des lunettes avec des loupes, au départ, a-t-elle germé dans l’esprit d’un génie ?
Je voudrais lire l’histoire de ces personnes qui ont tant œuvré pour le confort visuel de leurs semblables. Un livre existe-t-il ? Sinon, je m’y colle. Euh, non, ce serait beaucoup trop fatigant.
(petite précision pour les grincheux, je ne compare pas la myopie à des handicaps bien plus lourds, je ne fais que parler de ce que je connais ; CQFD)
Non, mais sérieusement.
© Gifnem29 – juillet 2022
« les chances auprès des filles se réduisaient considérablement »
Moi, je croyais ça pendant toute ma vie. Il y a 5 ans, j’ai arrêté de porter mes lunettes. Rien n’a changé, hélas.
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Forcément : sans lunettes tu ne vois plus les filles qui te regardent ! 🫣😂
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mdr
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La véritable question : « Est-ce que les filles qui ne regardent pas les types à lunettes valent-elles vraiment le coup d’œil ? ».
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Pas faux.
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Pour apporter l’anecdote qui tue, à ce post : j’ai connu un gars qui s’est ouvert les veines avec un capuchon de Bic (bleu) !
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Un besogneux !
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🤣
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Mais ce n’est pas un billet sur les chapeaux aujourd’hui !
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(Ps : à Salgrenn)
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Euh… Après cette anecdote qui tue… J’ose à peine rappeler que des lunettes peuvent être l’équivalent d’un bijou puisqu’elle restructurent un visage et lui donnent du style… Et pas seulement l’air d’intellectuel. Néron et son émeraude lorgnait tout en vert… Pour voir tout en rose, faudrait-il chausser du quartz… ?
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Ah toi aussi tu dis « colle en tas »
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Oui hi hi
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