Belle poule

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Je vous ai déjà parlé de mon amour pour les déchetteries et de mon envie, lorsque j’étais jeune, de devenir le chauffeur du camion-poubelle.

A Landivisiau, c’est la communauté de communes qui gère le ramassage des ordures, ainsi que les très nombreux différents containers disséminés sur le territoire des villes concernées. Elle s’occupe également de la déchetterie.

Et c’est là que le bât blesse.

La redevance « ordures » coûte, annuellement, 149 euros pour une personne seule, et 216 euros pour un foyer de deux personnes et plus. Et c’est obligatoire.

149 euros !

Je comprends que la collecte des déchets ait un coût. Toutefois, il me semble que les impôts fonciers sont déjà suffisamment élever, même après la suppression de la taxe d’habitation, pour payer le gas-oil du camion et les deux branleurs de la déchetterie.

Je me suis renseigné sur l’aspect « obligatoire » de la redevance. Il n’existe ni exception ni réduction. J’ai soumis l’hypothèse de quelqu’un qui produirait zéro déchet. On m’a répondu que ce n’est pas possible. En effet. Quoique.

Je me suis souvenu d’un type que l’on voyait souvent à la télévision quand j’étais petit. Il avait la particularité de tout manger. Des assiettes, des ampoules, des chaises… Il avait relevé le défi délirant de manger un avion. Pas un 747, mais tout de même un petit avion de tourisme. Le voir manger tous ces trucs m’épatait, mais je dois reconnaitre que je me demandais surtout comment cela se passait à l’autre bout de la chaine. Il devait avoir un trou de balle en titane.

Mais si ce bonhomme pouvait bouffer un avion, je dois bien être capable d’ingurgiter la totalité de mes déchets, non ?

Non, bien sûr. De toute façon, cela ne servirait à rien. Une adresse égale une redevance. Cependant, en faisant bien attention, je dois être capable de réduire mes ordures à une portion congrue.

Les déchets verts au compost. Les restes de viande aux chats du voisin. Le pain rassis aux oiseaux. En attendant d’avoir des poules pour leur refiler la totale. Le plastique, le verre et le métal dans les containers appropriés. Plus besoin de poubelle hebdomadaire, c’est jouable.

« — Halte là, je vous arrête monsieur ! Votre utilisation des containers justifie la redevance. Et toc!

— Certes, mais une moitié de redevance, voire un peu moins puisque les éboueurs ne s’arrêteraient plus chez moi.

— Non, ça marche pas comme ça.

— Et pour les gens sans ressources, vous faites comment ?

— Chépa. Je crois que la mairie peut aider, un peu. Mais si vous n’avez pas les moyens d’être propriétaire, faut vendre mon gars.

— Les locataires ne payent pas la redevance ?

— Ben si. »

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – août 2022

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