Partie de Risk

(à la demande capitaine, la rédaction de Jourdhumeur accepte de mettre en jeu son intégrité afin d’exposer à son lectorat adoré un certain nombre de remarques sur un événement récent ; en vous remerciant)

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je suis fatigué.

Je suis fatigué de la bêtise humaine.

Un jeune homme dont l’histoire ne retiendra pas le nom a tenté d’assassiner un homme dont le nom fait la fierté de l’espèce humaine.

A l’heure à laquelle j’écris ces mots, il me semble que Salman Rushdie est tiré d’affaire. Toutefois, vu les coups portés et son âge, il devrait garder des séquelles de son agression.

Monsieur Rushdie est un auteur mineur (je ne l’ai pas lu, mais d’après ce que j’en sais, sa prose est assez indigeste) qui, un jour, a écrit ce qu’il pensait de la religion musulmane et du Coran. En tant que citoyen britannique, il bénéficiait d’une liberté éditoriale qui ne choquait personne en Grande-Bretagne. Mais d’autres en avaient décidé autrement. Les barbus intégristes lancèrent une fatwa contre lui. Une condamnation à mort pour avoir donné son avis ! Depuis plus de trente ans, cet homme vit sous protection policière bien qu’il ait demandé aux autorités britanniques de lui lâcher la grappe vu l’eau qui était passée sous Big Ben. Mais les barbus ont de la mémoire, et de la patience (et ici, la patience est une arme redoutable). Le déchet humain qui a attaqué au couteau monsieur Rushdie plaide non-coupable… J’en reste sans voix. Petit rappel nécessaire pour apprécier la suite, l’islam est, à la louche, 600 ans plus jeune que le christianisme.

  • C’est Toto en Afrique. La maitresse vérifie que les élèves ont bien appris leur leçon sur les adjectifs. Elle interroge Toto et lui demande de proposer une phrase contenant un adjectif attribut et un adjectif épithète. Toto se lève et : « Aujourd’hui il pleut sur la tribu, et pit’êt’ demain il fera beau ». (la rédaction de Jourdhumeur reconnait qu’il s’agit plutôt d’une blague orale)

L’autre jour, j’ai écouté une grande reporter qui racontait son expérience ukrainienne. Je n’ai malheureusement pas retenu son nom. C’était passionnant, terrifiant, abominable. La journaliste qui l’interrogeait semblait très contente de travailler à Paris. A la fin de l’entretien, elle a posé une dernière question à la reporter. Elle lui a demandé ce qui lui permettait de tenir, de ne pas craquer, face aux horreurs de la guerre. « Ma foi » a-t-elle répondu. J’en ai perdu mon monocle.

Comment cette femme, intelligente, courageuse, confrontée aux pires abominations des hommes, peut-elle, calmement, affirmer qu’elle a la foi ? Pardon, mais ça me dépasse. Des civils prennent des bombes sur la gueule, des enfants crèvent parce que un fou veut s’approprier un territoire sans s’embarrasser des désirs de la population, et madame vient dire à la télévision française qu’un dieu, assis sur son nuage à la con, regarde ça en se curant le nez et en disant à sa femme que, d’accord il les a créés, mais que maintenant ils sont grands, il doivent de démerder.

Comment cette femme intelligente et courageuse ne se rend-elle pas compte que 50% des conflits depuis deux mille ans sont d’origine religieuse ? Elle me répondrait sûrement que s’il n’y avait pas la religion, les hommes trouveraient une autre raison pour s’entretuer. Bien sûr, c’est évident, mais il y aurait une raison en MOINS ! B… de m… !

Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça m’énerve. Israël, Irlande, Yougoslavie, Mauritanie, Sri Lanka, Inde (si messieurs dames, mais personne n’en parle, on s’en fout, ils sont deux milliards), Arménie, bien d’autres, plus le terrorisme. Combien de morts, uniquement au 20è siècle et au 21è siècle ? Avant, c’est tellement énorme (croisades, inquisition…) que je préfère occulter.

Et les 600 ans me demandez-vous ? Quel rapport ? C’est juste la différence d’âge entre le christianisme et l’islam. Autrement dit, possiblement (même si certains trouveront le calcul bien naïf), 600 ans de domination dogmatique musulmane. Forcément, ils voudront faire aussi bien que les chrétiens, voire mieux. Et n’oubliez pas leur grande force, la patience. Sauf s’ils ont lu Hawking.

La place est encore chaude dans le monde occidental, il ne faut pas la laisser refroidir. L’islam, c’est un peu comme les pays émergeants. Ils ont mangé leur pain noir, maintenant ils veulent leur part du gâteau.

(je viens de me relire ; c’est souvent une erreur de se relire ; j’ai conscience de la naïveté, de l’insuffisance et, à la fois, de l’outrance de mes propos ; tant pis ; si je reçois une fatwa, au moins j’aurai de la compagnie jusqu’à la fin de mes jours)

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – août 2022

47 commentaires sur “Partie de Risk

  1. Cette fois-ci je prends un autre chemin que le vôtre. Le titre que vous avez choisi évoque un jeu et le ton de l’article présente un emportement… Ne nous faut-il pas nous garder des nôtres et ne pas mettre tout croyant dans une unique catégorie ? Seuls les violents sont condamnables. Je me permets même de vous suggérer de supprimer cet article. L’ire peut être mauvaise conseillère… Vous dit une colérique qui combat son caractère depuis toujours.

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      1. Non.m je ne suis pas intolérante quand je suggère une réflexion supplémentaire… Cette suggestion correspond à une révision de nos emportements, que je tiens pour des freins… Nous tenons des blogs et non des forums. La parole y est écrite donc réfléchie. J’ai même supprimé un blog entier que j’avais écrit pour avancer dans ma pensée. Vous me condamnez … au moment où je progresse dans ma réflexion. C’est dommage.

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  2. tu as raison, le principe religieux est une source récurrente de conflits, comme si le « sacré » appelait la violence; une des analyses possibles du phénomène est que le « croyant » dans le fond de sa pensée se rend compte de l’ineptie de la notion de dieu, mais pour empêcher cette notion de remonter au niveau conscient il doit lutter, et plutôt que de lutter contre lui-même, il lutte contre ceux qui refusent sa religion; on connait tous des gens en colère contre eux mêmes qui rendent responsables leur entourage (sans aller toujours jusqu’à la paranoïa);
    tu as tort, on ne peut séparer les différentes religions, parce qu’il n’y a pas de différentes religions; on ne peut stigmatiser l’Islam en ignorants les autres religions monothéistes, qui restent dangereuses (extrémistes juifs en Israël, évangélistes aux USA et au Brésil), et celles qui l’ont été, comme le catholicisme, qui, avec la vague d’extrême droite, n’a pas dit son dernier mot;
    stigmatiser les religions, mais surtout ne pas stigmatiser une religion, elles sont en concurrence, sans parler des concurrences internes (Chiites et Sunnites, par exemple)

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    1. Je me suis mal exprimé sans doute. Je ne stigmatise pas une religion, j’attire plus l’attention sur l’une d’elle dans cet article. Mais auparavant, j’ai souvent signalé que je ne fais aucune différence entre toutes les religions.

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  3. juste pour relativiser un peu, c’était un article de 2015, il vaut ce qu’il vaut !

    Les religions sont-elles vraiment causes de conflits ?
    Lesquels ?

    S’il n’est pas question de nier la dimension religieuse de conflits tels que les croisades ou, plus récemment, la guerre des Balkans, l’anthropologue franco-américain Scott Atran relève un regain de vigueur depuis le 11 septembre 2001, notamment dans le monde universitaire, d’un athéisme militant associant la religion à la guerre. Dans un article paru en 2012 dans la revue Science, il avance que les religions ne sont que rarement les causes initiales des conflits.
    Selon une Encyclopédie des guerres, publiée en 2007 par deux chercheurs américains, Charles Philips et Alan Axelrod, seuls 7 % des guerres de l’histoire mondiale seraient motivées par la religion. En revanche, précise Scott Atran, elles peuvent les envenimer. « Lorsqu’un conflit est récupéré par des chefs religieux qui y ajoutent des valeurs sacrées, la violence peut persister pendant des décennies, voire des siècles, écrit ce chercheur au CNRS et à l’Université du Michigan. Les conflits initialement matériels (personnes, lieux, objets, événements) deviennent alors des luttes existentielles, comme lorsqu’une terre devient une “Terre sainte”. » Une analyse qu’il applique notamment au conflit israélo-palestinien, qui concerna d’abord un territoire avant de prendre une dimension religieuse.
    Pour l’historien du christianisme Yves Chiron, « la dimension religieuse est constitutive de toute société. Cela peut surprendre dans nos sociétés laïques, parce que nous ne la prenons plus en compte, mais je pense que la raison religieuse – comme la race ou la langue – peut ressurgir « naturellement” dans un conflit ».
    Dans le cas de l’Église catholique, l’historien observe « un effort constant et ancien pour endiguer la violence, religieuse ou non », qui passe notamment par « la distinction entre la force et la violence ». Un rapide coup d’œil sur les conflits du XXe siècle suffit par ailleurs à démontrer que les idéologies les plus meurtrières ne sont pas nécessairement religieuses : le nazisme, le stalinisme ou le génocide khmer en témoignent assez.

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    1. C’est assez parlant en effet. Toutefois, je ne suis pas d’accord avec le cas Israël/Palestine. C’est la sainteté affirmée de cette terre pour les trois grandes religions monothéistes qui est à l’origine des conflits depuis près de mille ans.

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  4. Tant que nous resterons dans une vision binaire et dualiste de Dieu, nous serons de piètres ignorants. Les conflits commencent par la bêtise. Toutes les religions sont des codes afin que nous puissions revenir à notre réelle humanité, à notre vie Divine. Quant à Dieu, Il est en nous et c’est nous qui choisissons ou non d’être des démons ou des anges. Si l’on considère que Dieu nous a créé pour adorer un père noël qui réponde à tous nos besoins, alors nous sommes loin d’avoir compris ce que nous sommes et le projet de Dieu en nous. De toute façon, croire ou ne pas croire, avoir la foi ou ne pas l’avoir n’empêche pas que nous nous trouvons dans de beaux draps. Ce genre de débat est finalement très stérile. Quant à ma propre croyance, elle ne dépend pas du jeu mental dans lequel nous sommes souvent enfermés, et c’est bien dommage. La foi procède de l’expérience. De toutes les façons tant que nous ne verrons / connaitrons pas notre propre personne, nous ne verrons ni l’autre, ni Dieu. Le véritable accord c’est d’être en accord avec la vie, la dimension présente de la vie…

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  5. « Mazout, ne pas se jeter dedans ». Eh bien, Pat’ la Rage, voilà que vous vous y jetez les deux pieds joints. Vous allez bousiller vos godasses et faire râler.
    Moi qui avais les yeux collés ce matin, me voilà bien réveillée.
    Je ne souhaite pas entrer dans le débat religieux, je n’ai pas les connaissances suffisantes sur le sujet. Un peu comme la politique, elle n’engendre que des débats qui finissent en queue de boudin où tout le monde quitte la table pour aller ronger son frein ou cuver sa vinasse.
    Au-delà des croyances et obédiences qui sont l’affaire de chacun et ne devraient rester qu’à l’intérieur de soi pour ne pas s’imposer aux collègues, c’est plus la question de la liberté d’expression qui m’interpelle. En effet, rien à mes yeux ne peut justifier des actes de violence vis à vis de quelqu’un qui exprime par quelque moyen que ce soit son opinion.

    Par contre, je vais venir vous trouver avec mon gros objet tranchant en mousse car une phrase m’a choquée dans les « Dossiers froids ». On va exploser les ventes (et j’aurai peut-être enfin ma dédicace) !

    C’est léger, je sais. Je sors.

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      1. Vous savez, vous me motivez. Sauf que mon éditeur, d’après ce qu’il veut bien me raconter, ne dispose que d’une cession annuelle (mai) pour faire paraître ses « poulains ». Il y aura, peut-être, une deuxième cession en janvier, mais rien n’est certain. Dans tous les cas, ce sera long, mais ensuite, je compte bien sur une parution annuelle.

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      2. Rhaa, tu vas nous la jouer façon Nothomb : 1 par an ! Fasse que ça reste chaque fois une bonne surprise, pas comme la dame, bien qu’il paraitrait que la dernière mouture ait du goût . Amen ! ( ça c’est pour rester dans le sujet sans y toucher ! 😁)

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      3. Une session en janvier ce serait idéal, vous pourriez ainsi venir aux Quais du Polar. Votre éditeur aurait tout intérêt à revoir sa copie car présenter ses auteurs au festival lui serait fort profitable.
        Je ne connais pas votre avis sur le sujet mais je trouve que le monde du livre est tout de même très fermé et assez obscur dans son fonctionnement en règle générale.

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      4. Même en avion ? Arf ! Lorsque je serai votre agent et que nous irons en dédicace à Los Angeles chez Justin, tout cela sera négocié en notes de frais croyez-moi ! En plus, je dois apporter un saucisson lyonnais à Justin pour parfaire sa recette de saucisson brioché. Nous n’y sommes pas encore que l’agenda est déjà plein. Quelle folie !

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  6. Je lis, j’ai lu votre article , je chrétienne , catho et j’ai la Foi, mais… il me semble que c’est plus la faute des religions que de Dieu si les « zumains  » s’entretuent, le premier commandement n’est -il pas : « aimez vous les uns les autres » alors comment peut-on tuer son prochain pour plaire à Dieu? J’en perds mon latin, je reste avec ma Foi tranquille déplorant la violence de l’humanité bon après-midi MTH

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    1. Le jour où le plus malingre de la tribu a inventé le concept de Dieux (de préférence vengeurs !) il a pris le pouvoir sur le chef aux gros bras et tous les couillons de la tribu… Ensuite, les suivants n’ont faits que de perfectionner le système…

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