Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me raconte.
Comme d’habitude, les prévisions de Météo-France, à sept jours, se sont avérées complètement erronées. Cette fois, MF annonçait carrément un cyclone tropical qui se serait perdu et qui comptait venir se reposer à Ouessant. Puis, ils ont revu leurs prédictions à la baisse. Tu parles ! Au final, calme plat. 25° Celsius. Nuageux mais correct.
Donc, en avant toute. Je pars à la chasse.
A la chasse vous dites-vous !
En effet, je ne pêche pas, je chasse.
Voyez-vous, la pêche au bouquet est une activité extrêmement fatigante car il faut passer, sans cesse, son haveneau sous les laminaires qui pèsent des tonnes et dans les anfractuosités des rochers dans lesquelles votre filet s’accroche, pour débusquer les demoiselles. Sans compter qu’il faut taper la discute avec tous les amateurs persuadés qu’ils vont faire une pêche miraculeuse. Et ils y parviennent. Mais ils ramassent tout ce qui vient au mépris des règles concernant la taille minimum des bestioles (5 cm). Tant pis pour eux si la douane leur tombe dessus. Il faut dire que nos douaniers ne sont pas connus pour leur sens de la mesure. En principe, ils s’intéressent surtout à ceux qui braconnent le bar ou le homard (en vendant leurs prises), mais lorsqu’ils sont oisifs lors des grandes marées, ils s’installent sur les dunes avec leurs jumelles pour traquer ceux qui méprisent les lois. Et ils chopent une famille venue passer une gentille journée à la mer, et qui, pour faire plaisir aux gosses, a ramassé des toutes petites demoiselles qui finiront à la poubelle. Les douaniers saisissent la voiture du couple et rentrent chez eux écluser des bières en mangeant les homards qu’ils ont saisis la veille.
Donc, moi, je chasse. Tout d’abord, je repère les passages favoris des demoiselles. En réalité, elles empruntent toujours le même chemin à la marée montante. Il me suffit de me mettre à l’affut, toujours aux mêmes endroits, et de remplir mon panier. Enfin, en théorie.
Aujourd’hui, j’ai rapporté neuf demoiselles. Cela semble ridicule. Et c’est ridicule. Sauf que chacun de ces neuf animaux respectait scrupuleusement la taille légale. Et elles étaient délicieuses.
Voilà quarante années que je chasse au même endroit, à raison de trois à quatre fois par an. Je ne pense pas avoir extrait de la Manche plus de trois kilos de bouquet. Alors n’allez pas m’accuser de détruire l’écosystème marin. D’autant que les demoiselles ne sont rien d’autre que les cafards de la mer.
Non, mais sérieusement.
© Gifnem29 – septembre 2022
Je n’oserais JAMAIS écrire cette dernière phrase en anglais. Ce serait une note de suicide !
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Aujourd’hui il serait indécent de ne pas se vautrer dans l’erreur…
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avec de la mayonnaise, vous les dégustez ?
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Non malheureuse ! Au naturel avec du pain/beurre (salé).
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j’avoue que c’est bien aussi
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