Ménage

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Je ne sens plus mes bras.

J’ai fait du ménage pendant deux heures cet après-midi.

J’ai passé le balai.

Sur la pelouse.

J’ai bien pensé utiliser l’aspirateur mais les faines bouchaient le tuyau.

Je vous ai déjà parler de ce hêtre majestueux qui trône sur la propriété de ma mère et qui emmerde tout le monde. Les voisins car il fait beaucoup d’ombre et brouille la réception des ondes, et moi car, une fois par an, je dois ramasser deux tonnes cinq de faines.

Pour ce faire, j’utilise ma main. Pas ma main, ma main. La main est avec la souffleuse à feuilles la plus belle invention pour les entreteneurs de jardins. La main, parfois appelée par les néophytes le ramasse-feuilles, est cet objet parfaitement adapté pour ratisser les pelouses afin de les épurer de toutes les saloperies que la nature fournie sans crier gare.

Certains d’entre vous s’interrogent. Mais pourquoi ce con-là ne passe tout simplement pas la tondeuse qui fera office d’aspirateur à faines ? Que nenni. La tondeuse est un engin bien plus délicat qu’il n’y parait au premier abord. Si vous mettez en contact sa lame avec deux tonnes cinq de faines, vous obtiendrez un désastre d’émoussage et une visite obligatoire chez le rémouleur. Certes vous pouvez vous amuser à aiguiser vous-même votre faucheuse, mais je vous fiche mon billet que vous allez foutre en l’air le fragile équilibre de cette technologie high-tech.

J’ai donc accompli un travail de forçat afin de constituer une vingtaine de tas de faines. Demain, je les ramasserai à la main. Mes mains, cette fois, ces extrémités délicates qui se situent aux bouts de mes bras. Mon dos va encore faire la gueule. Mais qu’y puis-je ? Si encore les faines étaient comestibles ! Elles le sont en effet, mais je vous déconseille de les ingurgiter si vous ne disposez pas, dans votre pharmacie, d’un solide stock d’immodium.

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – septembre 2022