L’interdit de conduire

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

L’autre jour, je cheminais sur une départementale au volant de mon automobile. Soudain, au détour d’un virage, je me retrouve derrière une Clio flambant neuve. Qui roulait à quarante kilomètres à l’heure. L’accumulation de tournants m’interdisait de dépasser. J’avançais donc en troisième pendant cinq kilomètres. Lorsque j’ai enfin pu déboiter, j’ai jeté un coup d’œil à la personne au volant. Je ne sais pas si c’était un homme ou une femme. Une touffe de cheveux blancs dépassait tout juste du niveau de la portière.

Je n’ai rien contre les vieux au volant, j’en ferai bientôt partie, mais je ne suis pas contre leur proposer une petite remise à niveau, voire un coussin réhausseur. Hors de question de confisquer le précieux sésame à nos anciens, en revanche, il ne me semble pas inutile de les mettre au courant de certaines évolutions routières.

J’ai pris le taureau par les cornes, et malgré mon jeune âge, je me suis inscrit à l’auto-école la plus proche de chez moi pour bénéficier des conseils, gratuits, d’un organisme humanitaire qui lutte contre la mortalité des anciens sur les routes.

 » — Bonjour monsieur.

— Bonjour. Je me présente François Hauterive de la Ribaudière, bénévole de l’association « Aidons nos aînés à mieux comprendre la route d’aujourd’hui ».

— Enchanté.

— De même. Prenez le volant, je vous en prie. »

Je l’ai pris. Puis j’ai cherché la première. C’était une automatique, l’avenir selon François, et impossible de caler. J’ai calé. Deux fois. Enfin, j’ai démarré. Le bénévole m’a demandé pourquoi je n’avais pas regardé dans mes rétroviseurs avant de m’engager dans la rue. Sans doute parce que nous étions dans la cour de l’auto-école, ai-je rétorqué. Limitation à 30. Je respecte scrupuleusement, sauf sur les deux cents mètres que j’avale à 110. Le François est tout blanc. Mais pourquoi me demande-t-il. Vous n’avez pas vu le panneau « Danger école », répondis-je.

Bon, je ne vais pas enchainer les blagues barbues.

Je pense vraiment que les personnes d’un certain âge devraient, sur la base du volontariat, bénéficier de cours de conduite. J’en connais deux ou trois qui ne sont pas contre, dans la mesure où aucune sanction ne serait prise même s’ils confondent un feu tricolore avec une guirlande de Noël. Et puis, il faut bien qu’ils s’acclimatent aux nouvelles modes des djeuns : la trottinette et les rodéos urbains. Pas simple.

Ok, ok, moyen moyen, mais nous sommes lundi.

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – octobre 2022

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3 commentaires sur “L’interdit de conduire

  1.  » Lorsque j’ai enfin pu déboiter, j’ai jeté un coup d’œil à la personne au volant. Je ne sais pas si c’était un homme ou une femme. Une touffe de cheveux blancs dépassait tout juste du niveau de la portière. »
    C’était sans doute un vieil ange qui avait laissé ses ailes sur la carrosserie…

    Aimé par 1 personne

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