Nous rêvions juste de liberté – Henri Loevenbruck

Nous rêvions juste de liberté – Henri Loevenbruck – J’ai lu (Flammarion)

« Un des dix meilleurs romans de la décennie », annonce le bandeau.

Soyons raisonnable.

J’ai failli abandonner ce bouquin au bout de cinquante pages. La faute au style de l’auteur qui, délibérément, écrit comme si c’était son personnage qui racontait son histoire. Or le personnage n’a pas beaucoup été à l’école. Donc la langue est rudimentaire, et, surtout, le « ne » de la négation n’est, quasiment, jamais utilisé. Et ça, je ne peux pas. Dans le dialogue pas de problème, mais dans le récit, même si le narrateur s’exprime mal, pour moi ça ne passe pas.

Et puis, vers la page soixante-dix, j’ai été happé, et je n’ai presque plus lâché le livre. C’est très bon. Très très bon même. On dirait une chanson de Bernard Lavilliers qui durerait cinq heures.

Je ne sais pas si Henri (oui, je l’appelle Henri car nous avons échangé sur touitère, nous sommes de grands amis) a fait exprès, mais ses personnages ne sont pas sympathiques, pourtant je me suis beaucoup attaché à eux. Ils sont, un peu, la métaphore de ce que chacun d’entre nous (ou presque) ne fera jamais. Envoyer tout promener, grimper sur sa moto et tailler la route. On les envie. Et, à la fois, on ne les envie pas. C’est assez schizophrénique.

Alors, « Un des dix meilleurs romans de la décennie » peut-être pas, mais un des deux cents, certainement. Et ce n’est déjà pas si mal.

Foncez, mais surtout, ne vous laissez pas décourager par la langue.

Non, mais culturellement.

© Jourd’hu – octobre 2022

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