Esso, est-ce ?

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

(force est de constater le poids de mes articles ; en effet, depuis ce matin, la pénurie de carburants touche également la Bretagne ; j’ai bien fait de refuser ce poste de cartomancienne ; en vous remerciant)

4300 euros par mois. Voire 3000, puisqu’il parait qu’on a exagéré.

Je ne sais pas qui gagne cette somme dans les raffineries, je doute que ce soit les manœuvres, mais en tout cas, ils font partie des grévistes qui demandent des augmentations de salaire.

Je ne commente pas, je m’interroge juste sur l’indécence de certains, et la nécessité de faire suer le monde dans une période déjà pas franchement tournée vers la rigolade.

En revanche, je m’interroge beaucoup sur le civisme de mes concitoyens.

Ce matin, je cheminais tranquillement, mais d’un pas soutenu pour obéir à ma médecin, lorsque je me rendis compte que j’allais croiser une dame et sa poussette. Bien entendu, vu l’étroitesse du trottoir, je jetais un coup d’œil derrière moi pour vérifier que je ne mettais pas ma vie en péril, puis je me déportais sur la chaussée. Soudain, je me rendis compte du danger qui attendait cette jeune mère de famille. En effet, les éboueurs avaient omis de ranger une poubelle à roulettes qui obstruaient le passage de la dame et sa progéniture. N’écoutant que mon courage, j’empoignai l’engin de mort et le poussai hors de la trajectoire de la jeune maman. Un sourire plus tard, je continuais mon trajet, le cœur léger.

J’avoue, j’ai trois-quarts de plein dans le réservoir de mon automobile.

Pendant ce temps, des hommes et des femmes s’entretuaient pour un plein de sans-plomb. Des voyous de banlieue parisienne « privatisaient » une station essence pour racketter les automobilistes. Des livreurs en scooter se faisaient lyncher pour avoir tenté de gruger les files d’attente.

Le droit de grève… Je ne suis pas contre, pas franchement pour non plus, surtout dans ce genre de situation. Je suis un peu basique, je pense. Lorsque l’on touche un salaire correct, pour une profession choisie et pas imposée, j’estime que l’on peut se contenter de son sort. Perso, je n’ai jamais fait grève quand j’étais prof (je sais, c’est à peine croyable). Je n’allais jamais, non plus, aux heures syndicales qui avaient lieu sur le temps de travail et qui ne servaient à rien sinon décider de l’horaire de la prochaine heure syndicale. D’ailleurs, je ne m’exprime pas sur les syndicats de peur de déraper.

Donc, je n’ai pas dit grand chose.

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – octobre 2022

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