Great balls of fire

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

« Je ne suis pas le plus grand, mais je suis le meilleur » – Jerry Lee Lewis (1935/2022)

Un peu par hasard, j’ai entendu quelqu’un, à la radio, faire l’éloge funèbre de Jerry Lee Lewis. Personnellement, je pensais que le rocker était mort depuis au moins quarante ans. C’est vrai qu’il n’avait pas sorti de duo avec Booba ou Céline Dion. Le mec dans le poste (désolé je n’ai pas retenu son nom) affirmait que la mort de Jerry Lee Lewis refermait, définitivement, une page du rock n’ roll. Le « Killer » était le dernier d’une lignée exceptionnelle de musiciens comme seule l’éclosion d’un style musical peut en produire. Il a rejoint Bill Haley, Eddie Cochran, Gene Vincent, Elvis Presley, Little Richard, pour n’en citer que quelques uns, au « Hall of fame » des pionniers du rock n’ roll.

L’annonce de la mort de celui qui épousa sa cousine de quatorze ans (autre temps autres mœurs…) ne m’a pas bouleversé outre mesure mais a fait éclore en moi une réflexion.

Si nous adulons (presque) tous un ou plusieurs artistes, la disparition de ceux-ci nous touche plus que de raison. Si je prends mon cas, qui est, reconnaissons-le, le plus intéressant, j’ai adoré Lino Ventura, Marie Laforêt, Serge Reggiani et Renaud. Tous partis trop tôt sur les ailes des anges.

Les décès de nos idoles ne nous amputent-ils pas d’une partie de nous-mêmes ? Ne portons-nous pas le deuil de celles et ceux qui ont réjoui nos sens ?

Le célèbre philosophe ouzbek Djamolidine Abdoujaparov a su mettre des mots sur ce sentiment diffus. Je le cite in extenso.

« Nous adulons ceux que nous aurions rêvé être sans, la plupart du temps, réellement envier leur situation. Les « stars » sont le reflet de notre moi virtuel, celui qui nous fait fantasmer mais que nous repoussons le plus loin possible de notre quotidien. Nous nous émerveillons de leur travail, des émotions qu’elles nous procurent, toutefois s’il s’agissait de prendre leur place, nous hésiterions (sauf pour leur compte en banque). Nous préférons leur abandonner les paillettes et les gardes à vue pour nous concentrer sur notre vie pépère avec bobonne et les gosses (ou bonbon, au choix). Pour conclure, je dirais que l’inaccessibilité des « stars » nous arrange bien dans la mesure où elles ne doivent pas refléter notre réalité mais un univers parallèle, pratiquement inexistant.

Merci de m’avoir écouté, maintenant, je vais passer dans les rangs avec mon chapeau. J’accepte l’argent liquide, les chèques, les tickets-restaurants, les chewing-gums non usagés et les boutons de culotte. En vous remerciant ».

Rappelons que le philosophe ouzbek est mort dans la misère.

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – octobre 2022

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12 commentaires sur “Great balls of fire

  1. Je réalise souvent qu.une Star vivait encore quand…on annonce son décès 🙂 pardon…:(
    Et qu’il était possible à cette époque, d’épouser une gamine de 13 ans, ok, 14 si c’est vous qui le dites.
    Belle journée en bord de mer 🦞

    Aimé par 1 personne

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