Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.
J’ai déjà eu l’occasion, ici-même, de vous entretenir, avec talent, d’un sujet qui agace mon cervelet : la réintroduction des espèces dans des milieux naturels qu’elles ne reconnaissent plus tant l’homme les a défigurés. Si certains animaux ont déserté nos campagnes et nos montagnes, je ne vois pas de quel droit nous les obligerions à revenir contre leur gré. D’autant que cela coûte un pognon fou qui pourrait servir d’autres causes.
En revanche, si les bestiaux rappliquent tout seuls comme des grands, avec armes et bagages, je pense qu’il ne faut pas les en dissuader. Pourtant, cette immigration non choisie ne plait pas à tout le monde.
En Bretagne, nous avons le bonheur, depuis peu, de compter parmi nous deux loups. Alors, d’accord, c’est peu. Mais il faut bien un début, non ?
Il s’agit d’un couple, Jean-Claude et Jacqueline. Ils ne sont plus tout jeunes. Ils ont décidé de venir finir leurs jours sur la terre de leurs ancêtres car leurs quarante-trois enfants sont grands, bien installés dans la vie, qui dans les Abruzzes, qui dans les Apennins, qui au zoo de Vincennes, qui dans les Carpates, mais de ces derniers ils ont très peu de nouvelles car Boris, Agatha, Jean-Louis, Dimitri, Pascaline et Jean-Denis se sont marginalisés et fréquentent des êtres légendaires peu recommandables.
Les vieux loups ont acheté une vieille tanière abandonnée car ils étaient un peu ric-rac. Toutefois, Jean-Claude est plutôt doué de ses pattes et il devrait réussir à retaper l’endroit pour le rendre agréable, « Tanière sweet tanière », comme on dit. En attendant, ils squattent une bergerie dans les monts d’Arrée, avec l’accord du propriétaire qui les nourrit contre de menus services comme garder le troupeau.
D’après le journaliste du Télégramme qui les a interviewés, Jean-Claude et Jacqueline comptent sur l’arrivée de quelques milliers d’anciens voisins qui, comme eux, cherchent un coin tranquille pour leur retraite. A la question concernant leur intégration auprès de la population et, notamment, au contact des chasseurs, Jacqueline a répondu qu’ils éviteraient les balades à vélo. L’autre question importante du journaliste concernait la raison du choix de la Bretagne. Pour Jean-Claude, c’est parce qu’il aime les moutons fourrés au kouign-aman, quant à Jacqueline, c’est surtout une histoire climat. En effet, elle apprécie particulièrement la douceur tropicale.
Quoi qu’il en soit, nous, les Bretons, souhaitons la bienvenue à Jacqueline, Jean-Claude et tous leurs amis. En revanche, nous prévenons les touristes que les loups apprécient beaucoup nos plages et qu’il serait imprudent de les fréquenter pendant les deux ou trois millénaires prochains.
Non, mais sérieusement.
© Gifnem29 – novembre 2022
Je mets ma culotte !
Mais du coup, il y a un sans-papier près de chez vous ? Qui est Jean-Louis que j’ai croisé lors de ma reconnaissance pour trouver l’emplacement idoine de la caravane ?
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C’est le phoque. Ah non, crotte, lui c’est Jean-Luc.
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Désolé, j’ai fait une bêtise avec un de vos commentaires. Je ne sais pas comment le récupérer. Je disais que je ne comprenais pas, mais ne me donnez pas la réponse, c’est trop tôt. Vous avez trouvé ?
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Ici, dans le petit pays, quand le temps le permet, des ourses, des oursons et des ours mâles regardent le ciel et contemplent leurs ancêtres étoilés. Mais le nouveau phénomène, ce sont les chiens sauvages en hordes, et non plus les loups, accusés à tort, ou les ours (qui hivernent dans mon lit l’hiver). Bon, on ne s’inquiète pas encore d’une invasion de bretons venant butiner nos sommets : les glaciers ont quasiment tous fondu ! Mais on reste vigilants !
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