Décoration(s)

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je suis bref.

Il faut dire que je suis à la bourre. La sieste s’est un peu éternisée.

C’est mon coiffeur qui m’a réveillé. Gunther. Il trépignait sur le seuil, crachant que je n’étais pas son seul client en ce jour. Deux heures plus tard, un décollement de racine, une demi-vague et des anglaises sur mon crâne, il quittait les lieux en ronchonnant car il devait se rendre chez la comtesse et il n’est pas magicien, merde !

Juste au moment où arrivait ma maquilleuse. Kimberley. Si on me demandait de décrire « Kimy », je dirais que c’est une gentille fille. Et efficace. Deux heures plus tard, je ressemblais à Robert Redford. Non non, Robert Redford vieux. Kimy ne s’est pas attardée, elle a pris ses « pliques et ses plaques » (sic) car elle devait aller maquiller la comtesse et n’avait pas encore préparé son enduit.

A peine Kimy avait-elle disparu à l’horizon, que Gisèle, ma manucure, pointait son museau, un gros paquet dans les bras. Je soupçonne Gisèle, du haut de ses 94 automnes, d’avoir le béguin pour moi. C’est charmant mais un peu indigeste vu qu’elle me gave de gâteaux au yaourt hyper sucrés et parfaitement dégueulasses. J’ai beau lui rappeler mon état de diabétique, Gisèle n’en a cure. Si seulement les yaourts ne dataient pas de l’occupation. Comme d’habitude, elle m’a massacré les doigts car sa vue a nettement baissé depuis son veuvage, en 1974. Elle était un peu fébrile. En effet, ensuite, elle rendait visite à la comtesse et craignait que sa tronçonneuse ne démarre pas.

J’ai dû attendre un peu mon tailleur. En effet, cette andouille est écolo et ne se déplace qu’en trottinette électrique. Et le sable et les trottinettes ne font pas bon ménage. Il m’a exposé un assortiment de nippes plus horribles les unes que les autres : une chemise à jabot rose fuchsia, un pantalon de golf, un complet trois couleurs et une robe à crinoline à carreaux mauves et serin décédé. J’ai choisi la robe car elle se marie très bien à mon teint de pêche.

Voilà, je suis prêt. Même si je n’ai pas trouvé de truffes au chocolat dans un rayon de quarante kilomètres.

Bref, je suis invité à réveillonner.

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – décembre 2022

Publicité