Etat fébrile

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me plains.

Il fallait s’y attendre. Trois jours d’incubation et nous y voilà. Je suis à l’article de la mort. A M donc.

Mon petit corps s’est défendu bec et ongles pendant de longs mois, voire quelques années, mais il a dû déposer les armes face aux attaques répétées des virus de tout poil qui assaillent l’humanité depuis la nuit des temps, et même un peu avant.

J’étais assez fier d’appartenir à l’élite, au haut du panier, à celles et ceux qui étaient passés à travers les mailles du filet dressé dans les courants d’air de la pandémie mondiale.

Gardez votre calme, évacuez en silence.

Je n’ai pas fait de test, pour le moment. Je ressens juste un petit gratouillis à gauche de la pomme d’Adam. Et tapie dans un recoin, une fièvre attend son heure. Je dirais 7h30 demain matin.

Je déteste être malade. Oui, je sais, c’est stupide d’écrire cela. Personne n’aime être malade. Encore que. Les malades imaginaires existent vraiment, pas seulement chez l’autre ennuyeux. Lorsque j’étais gamin, j’étais souvent malade. Or, ma sœur était jalouse des soins que ma mère me portait. Pour la calmer, ma génitrice lui donnait des médicaments placebo, tout de même, ainsi elle se sentait, également, au centre de l’attention maternelle. Forcément, mon aînée disposait d’une santé de fer alors que j’étais, presque tout le temps, allongé sur mon lit de douleur.

Ce soir, j’ai quitté la chaleur réconfortante de ma couette pour vous faire part de mes dernières volontés. Je déclare Maman Lyonnaise exécutrice testamentaire et pour la remercier de s’occuper de l’intégralité de ce que je ne possède pas, je lui lègue mes droits d’auteur. Ce qui représente une dizaine d’euros pour 2023 et plus rien ensuite, sauf si je deviens un romancier culte, à titre posthume.

Bon, je vais avaler un Doliprane pour abréger mes souffrances.

Non, mais pathologiquement.

© Gifnem29 – décembre 2022

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