Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.
Je vous conte souvent, ici, brillamment, mes nombreuses visites dans mes résidences secondaires, les Cabanes à Livres.
Celle qui croise mon chemin presque tous les jours actuellement m’a un peu déçu ces derniers temps. En effet, depuis une bonne semaine, personne ne s’occupe du ravitaillement. Il faut dire que je consomme beaucoup. Quoi qu’il en soit, depuis quelques jours, trois ou quatre romances des années 70 se battaient en duel au-dessus de deux pauvres « Je bouquine ». Je commençais à désespérer.
Et ce matin…
Une sorte de miracle…
Alors que j’approchais, les épaules basses, la moue aux lèvres, de ce lieu qui, d’habitude, fait briller mes yeux d’enfant arthritique, je crus être victime d’une hallucination. Ma CAL favorite débordait de livres. Incroyable !
Il y en avait tellement que les bouquins débordaient, littéralement sur le trottoir. Discrètement, je me signais et adressais une courte prière en l’honneur de Saint-Simon et de Saint-Fiacre. Puis, à pas de chacal doré (il faut savoir s’adapter), je m’approchais dans le but de vérifier qu’il ne s’agissait pas d’un mirage.
Je commençais à trembler. De mirage, point.
C’était, tout bonnement, fabuleux. Des dizaines de bouquins s’offraient à ma vue. Et pas des livres de poche pour indigents. Non, des premières éditions.
Je plongeais dans la CAL, sous les regards effrayés des passants qui passaient, faute de mieux. Je nageais avec délectation dans des vagues de pages. Je surfais sur des couvertures bariolées. Je pêchais du bonheur.
J’aurais voulu embarquer une vingtaine de titres. Mais je suis altruiste et je pensais aux autres. Surtout, j’étais à pied. Donc, dans mon petit sac, je ne pus emporter que cinq offrandes. Un Connelly, un Giacometti/Ravenne, un Norek, un Berry et un Lackberg. La dream team.
Sauf que.
Sur le chemin du retour, une question me taraudait. D’où proviennent tous ces livres ? Un peu trop beau pour être vrai. Louche.
Une fois chez moi, j’ai pu détailler, à loisir, mes emplettes.
Et je suis tombé de haut. De très haut même.
Trois des cinq bouquins finiront directement à la poubelle. Pour les deux autres, je réserve mon pronostic.
Et pourquoi tant de violence, vous demandez-vous, amoureux des livres que vous êtes ?
Tous ces bouquins étaient issus d’une bibliothèque municipale. Rien de grave jusqu’ici. Sauf que, pour une raison qui m’échappe, les crétins congénitaux chargés de se débarrasser d’une partie du stock ont voulu (?) anonymiser les livres, en effaçant les traces administratives. Ils ont donc arraché, sans aucun discernement, un grand nombre de pages dans chaque ouvrage. Et notamment vers la fin. Si bien que dans trois des cinq machins que je me suis procurés, il manque une partie de l’histoire.
Si je tombe sur les abrutis qui ont massacré la culture, je risque de finir mes jours derrière les barreaux.
Il paraît que les prisons possèdent de belles bibliothèques.
Non, mais sérieusement.
© Gifnem29 – février 2023
Je veux bien vous fournir la guillotine pour leur couper la tête.
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Volontiers.
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Prison Break ou Orange is the new black ?
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PB sans hésiter (et je n’ai jamais vu OITNB)
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c’est étrange, car quand une biblio se sépare de ses livres, elle a juste l’obligation de tamponner sur la page du titre « pilon ». là, c’est de la méchanceté, voir une violence intellectuelle, je vote pour la guillotine
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Il y a des bibliothécaires bizarres.
Par exemple, ayant des cartons de livres neufs, sous emballage, j’ai voulu les proposer à une bibliothèque. Pas une petite de village, une grande de ville moyenne. Le gars m’a dit qu’ils avaient assez de travail comme ça.
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Perso, je ne suis pas débordé…
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J’avais déjà remarqué que ça sentait la sueur dans les bibliothèques municipales. Tu aurais du les déballer, manque évident de savoir-vivre.
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J’irais me renseigner à la bibliothèque.
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Un autre titre m’apparaît approprié ici « Ali Baba et les… affreux saccageurs » ( un ou deux suffisent pour une telle forfaiture, pas besoin d’être quarante !)
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Installons une « Cabina » devant la bibliothèque.
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Je compatis !!!
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Merci !
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