(presque) Toutes mes facultés

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me raconte.

Je suis né en octobre 1984. Le deux, je crois.

C’était le jour de la rentrée universitaire, et je naissais au monde.

A l’époque, tout étudiant subissait trois mois de « détermination ». Il fallait choisir trois disciplines pendant un trimestre, puis, suite à des évaluations, nous étions orientés vers celle dans laquelle nous avions obtenu les meilleurs résultats. Je voulais étudier l’Histoire, avec un grand H. Je me voyais bien archéologue. Pour compléter le cursus, j’optais pour l’Anglais, car ça peut toujours servir, et le Droit, juste pour rigoler.

Début janvier 1985, les résultats des partiels tombèrent. J’étais collé dans les trois matières. La suite, pour moi et les quelques dizaines de guignols qui avaient préféré la vie nocturne brestoise aux amphithéâtres de l’UBO, consistait en six mois de « remise à niveau ». La honte totale.

Un copain et moi, dans la même situation, apprîmes qu’il était possible de défendre son cas auprès des doyens de chaque département. En Histoire, ils me rirent au nez (les places étaient très chères). En Anglais, ils me firent passer un test oral supplémentaire. J’échouais lamentablement. En Droit, le doyen nous ouvrit les bras à mon pote et moi (ils disposaient d’un nombre de places extensible). Je me retrouvais donc étudiant en Droit, contre toute attente.

Le lendemain, j’assistais à mon premier cours. Du Droit civil. Au bout de dix minutes, je sus que je ne serais jamais avocat (avec ou sans crevettes). Je n’ai plus mis les pieds à la Fac, sauf pour les AG.

Je n’étais nullement politiquement engagé et me fichais royalement de l’ordre du jour. Les Assemblées Générales en Droit étaient célèbres pour quelque chose d’un peu particulier. Il suffisait de faire un peu semblant de s’intéresser et une fille ne manquait pas de venir vous parler.

J’ai discuté un petit quart d’heure avec Isabelle, puis elle m’a proposé de venir boire un café chez elle, à la cité U. Elle n’avait pas de café.

Je n’allais jamais en cours. Sauf le lundi matin de huit heures à dix heures car la peau de vache faisait l’appel. La seule de toute la Fac. J’ai passé des journées entières au cinéma et des nuits entières en discothèque. Comme les sous ne tombaient pas du ciel, j’ai mis Isabelle sur le trottoir. Non ! Je plaisante, n’appelez pas la Mondaine. D’autant que je ne me souviens pas d’avoir revu la jeune femme. Non, c’est le système D qui prévalait. Je vous ai déjà raconté comment nous nous planquions dans les cinémas pour passer d’une séance à l’autre, ou alors nous attendions à la sortie des artistes que la porte s’ouvre et nous nous faufilions discrètement. Pour les boites de nuit, c’était très simple. Soit nous dénichions des invitations, assez courantes dans les bistrots, soit nous arrivions avant minuit car alors c’était gratuit, soit je me travestissais en p’tite lady (collant rose fluorescent, mini-jupe en skaï… Qui a la référence ? J’ai rencontré le chanteur, une nuit… Pas vraiment une star, même s’il s’efforçait de boire beaucoup) car, la plupart du temps, l’entrée était gratuite pour ces dames. Comme par hasard…

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – snickers 2023

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12 commentaires sur “(presque) Toutes mes facultés

  1. je vous rejoins, je voulais être « aide bibliothécaire » mais dans le concours…il y avait des maths ! fou, non ? évidemment, j’ai raté, du coup, je suis devenue rat de bibliothèque, finalement je ne regrette pas. et vous non plus ?

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