Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.
Voilà un certain temps que je ne vous ai pas farci la tête avec la fin du monde. Pour les étourdis et les nouveaux arrivants, je rappelle que monsieur Hawking, considéré comme l’un des trois plus grands cerveaux de l’histoire de l’humanité, juste avant de mourir, travaillait à un texte dans lequel il annonçait la fin de notre planète pour l’an 2600, dans le meilleur des cas. Vraisemblablement un peu avant. Pour les sceptiques, une petite recherche sur le web pourrait vous convaincre.
Il y a encore quelques mois, cette prédiction scientifique, basée sur la démographie excessive et la surconsommation qui en découlera, ne faisait pas les gros titres. Depuis, des voix s’élèvent ici et là pour, au minimum, étudier de plus près les conclusions de Hawking (ce qui, à mon sens est inutile, dans la mesure où son cerveau est dans le tiercé de tête).
Partons du principe qu’il reste moins de six cents ans de vie à notre bonne vieille Terre. Voilà peu, les scientifiques tablaient sur cinquante millions d’années, à deux ou trois semaines près. Avouez que la différence est assez vertigineuse. Certes, nos vies, celles de vos enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, arrière-arrière-petits-enfants, arrière-arrière-arrière-petits-enfants, arrière-arrière-arrière-arrière-petits-enfants ne seront guère perturbées. Mais dans cinq ou six générations, les questions commenceront, non pas à se poser, mais à poser des problèmes. Voilà pourquoi, il est nécessaire d’agir dès aujourd’hui. Bon ok, dès demain, lundi.
Le premier chantier consiste à dénicher un lieu d’accueil. Autrement dit, une planète dont les données atmosphériques concordent avec les besoins de l’espèce humaine. Nous savons déjà que cette planète ne se trouve pas à côté de la porte. Il semblerait que nos têtes chercheuses envisagent une possibilité faible, mais réelle, du côté d’Orion ou d’Alpha du Centaure. Ils doivent affiner encore un peu leurs recherches. Je leur demande, avec toute la délicatesse qui me caractérise, de se magner le cul.
Une fois le point de chute défini, il faudra trouver le moyen de s’y rendre. Il est peu probable que l’autonomie de la Zoé électrique suffise au voyage. Donc, il faut créer un engin capable de cheminer un certain temps, sans nécessiter l’usage d’un carburant connu (vu le prix actuel, c’est préférable). Je propose quelque chose à base d’algues vertes. Ce truc se reproduit à vitesse grand V et nous ne parvenons pas à nous en débarrasser. Bon, je ne suis pas un spécialiste, j’ai eu 4/20 en chimie au Bac.
Ensuite, il sera nécessaire de choisir les heureux élus, celles et ceux qui ne resteront pas sur Terre à se faire griller les miches (oui, selon Hawking, la Terre se transformera en une énorme boule de feu). C’est vrai que cette sélection peut attendre, mais, je pense qu’il faut d’ores et déjà définir les critères des futurs colonisateurs. D’ici le grand départ, la science aura suffisamment progressé pour pouvoir sélectionner des individus dépourvus de certains gènes. Je ne suis pas sûr, par exemple, qu’il soit nécessaire d’emmener des influenceuses à l’autre bout du cosmos. Ni des cons. Ni des politiques. Pléonasme ?
Ce n’est que le tout début d’une réflexion gigantesque. Par exemple, il faudra se mettre d’accord sur les animaux à emporter. Ne serait-ce pas l’occasion de se débarrasser des moustiques, des tiques, des taons et des raies au beurre noir ? Et la musique ? Je suppose que toute la production jamais créée tiendra sur une clé USB en 2455, à peu près, mais ne serait-ce pas le moment de faire passer la techno et Patrick Fiori aux oubliettes ? Faudra-t-il tout ranger dans les placards du véhicule ou certaines inventions humaines mériteront de ne pas faire le voyage ? Comme les mines anti-personnel, les joggings blancs ou le surimi.
Bien, j’espère que j’ai réveillé votre conscience.
Ceci dit, il existe une autre solution. On ne fait rien. On attend, on verra bien.
Non, mais sérieusement.
© Gifnem29 – juin 2022