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Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

J’aime beaucoup regarder le sport à la télévision. Cela me rappelle mes jeunes années lorsque je brillais dans les stades du monde entier au 3,50 mètres plat. Presque tous les sports m’intéressent, plus ou moins. Plus pour la F1, le football, le ping-pong (forcément), le golf, la pétanque (si si) et l’athlétisme. Moins le rugby, le judo, le hand-ball, le basket-ball et le volley-ball.

Pas du tout, le tennis.

Le tennis est le sport qui m’ennuie le plus. Sachant que je ne parle pas des sports de combat dans lesquels il faut mettre des beignes à son adversaires et, si possible, lui casser un os ou deux.

Le tennis m’endort. L’avantage étant que, grâce à ce sport, il ne m’est pas nécessaire d’user et d’abuser de pilules chimiques pour trouver le sommeil. L’inconvénient est de piquer du nez vers seize heures trente durant un match entre une Moldave et une Equatorienne. Remarquez, cela ne m’arrive pas puisque j’ai des haies à élaguer.

Même si je n’aime pas le tennis, je me tiens au courant des résultats, à peu près, afin de rester invaincu au Trivial Pursuit jusqu’à ce que mort s’ensuive. Je sais donc, que le dernier Français vainqueur du tournoi de Roland Garros est un chanteur nommé Yannick Noah, en 1983. La dernière Française vainqurice… vainqueuse… ayant triomphé Porte d’Auteuil est également une chanteuse, Marie Myriam en 1977.

C’est lassant le tennis. Nadal passe à Federer, Federer passe à Nadal, Nadal passe à Federer, Federer passe à Nadal (en effet, j’ai piqué cette blague à Pierre Desproges, mais je l’ai modernisée).

Il y a tout de même un truc qui m’épate dans le tennis : le boulot des jardiniers. Quand on voit la terre sèche actuellement, on a du mal à croire que dans un mois les sportifs et tives joueront sur un joli gazon tout vert.

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – joffre 2023

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Journal d’un mythomane (vol.1) – Nicolas Bedos

Journal d’un mythomane (vol.1) – Nicolas Bedos – Robert Laffont

Sieur Nicola Bedos est un auteur très doué, aucun doute là-dessus. C’est également quelqu’un qui ne se prend pas pour de la crotte de bique (au travers de ses écrits, je ne le connais pas personnellement).

Ce bouquin est une suite de « semaines » puis de portraits « assassinés » écrits avec talent, certes, mais dont le sujet est toujours le même. Lui.

Il existe un exercice d’écriture qui consiste à dire du mal de soi-même afin d’attirer la sympathie sur sa personne. C’est ce que fait sieur Bedos à longueur de pages. Et plus je les tournais, plus cet homme m’était antipathique. C’est dommage qu’il n’écrive pas de la pure fiction même si ses films, pour le moment, ne m’ont pas totalement convaincu.

Pour les inconditionnels.

Non, mais culturellement.

© Jourd’hu – juin 2023

Gomme

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Depuis mon retour dans mon deuxième logement, je revis. En effet, deux fois par semaine, je me rends dans un lieu qui me tient particulièrement à cœur.

Comment vous dire ?

C’est un endroit magique dans lequel s’effacent toutes les différences. Le retraité côtoie la jeune diplômée. L’ouvrier en RTT salue le patron en jogging. La BMW rutilante se gare près de la fourgonnette déglinguée.

C’est un espace hors du temps où vous verrez aussi bien des bleus de travail que des jupes plissées, des bottes en caoutchouc ou des mocassins à glands.

C’est le paradis des égalités. Les grades disparaissent. Les SICAV ne comptent pas. Même les maladies se tiennent un peu en retrait le temps d’une visite.

Bien entendu, vous avez reconnu ce lieu dans lequel je voulais m’installer voilà quelques mois. Malheureusement, pour d’obscures raisons de POS et d’hygiène, la municipalité refusa mon permis de résidence.

La déchèterie de Landivisiau est un petit paradis.

Toutefois, des législateurs dont le 120 m2 rue de Rivoli est équipé d’un composteur d’appartement et d’un carré d’herbes aromatiques sur le balcon ont décidé que, désormais, les déchèteries ne recueilleraient plus l’herbe résultant de la tonte des pelouses des particuliers. Tout citoyen devra conserver par devers soi le résultat des passages successifs de la tondeuse quitte à créer des nids à bestioles bizarres dans un coin de leur lopin (évidemment, il est interdit de brûler son foin). Décision totalement absurde. Les écologistes affirment que les herbes issues des jardins sont saturées en produits toxiques qui risquent de contaminer les zones dédiées à la collecte des déchets. Comme si on avait prévu de pique-niquer en famille à côté des frigos rouillés et des branchages en décomposition !

Voilà quelques années, ils ont refusé les pneus. Dernièrement, ils ont estimé qu’ils n’étaient pas habilités à recevoir un extincteur qui trainait chez ma mère depuis cinquante ans.

A côté de cela, la municipalité a livré à chaque foyer une poubelle au couvercle jaune dans laquelle nous devons déposer tous les déchets plastiques, les cartons, le papier, les conserves, sans RIEN laver (pour faire des économies d’eau, je suppose). Je ne vous raconte pas l’odeur vu que le ramassage a lieu tous les quinze jours, et sous notre climat tropical les barquettes de jambon et les boites de cassoulet supportent mal la chaleur.

Je continuerai à fréquenter la déchèterie, ne serait-ce que pour ressasser les bons souvenirs avec le gardien des lieux. Le bon gars qui obéit aux directives mais qui détourne le regard lorsque j’enfourne une dizaine de belles bûches, abandonnées par un étourdi, dans le coffre de ma voiture malgré le panneau prohibant toute récupération.

Non, mais sérieusement.

 © Gifnem29 – juin 2023

Confusion

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Ce soir, j’ai regardé le film « Annie colère ». C’est un long métrage sorti en 2022 et qui n’a jamais été diffusé à la télévision. Tout au long du visionnage, il s’est passé dans mon cerveau un truc étonnant. Je n’ai jamais vu ce film, c’est une certitude. Pourtant, j’avais l’impression de le revoir.

Alors, de deux choses l’une.

Soit j’ai déjà vu ce film. Dans ce cas, je vous prierais de composer le 3114 (les urgences psychiatriques) et de m’envoyer illico deux messieurs en blouse blanche pour procéder à un internement. De toute façon, c’est impossible. Dans ma maniaco-dépression, j’élabore des listes, et notamment celle de tous les films que je vois. J’ai vérifié, bien entendu.

Soit le cinéma français s’auto-pirate.

(petite précision afin d’éviter toute polémique ; il se trouve que ce film porte sur la lutte des femmes pour le droit à l’avortement au début des années 70, donc quelques mois avant la loi Veil ; le sujet de l’histoire n’a rien à voir avec ma mésaventure ; en vous remerciant)

Voilà quelques semaines, j’ai vu « L’événement », un film français de 2022 également, qui traite du même sujet (d’après le bouquin d’Annie Ernaux). Certes, je pense qu’il ne faut pas prendre à la légère ce qui se passe outre-Atlantique en matière d’IVG, et que, par conséquent, il est très utile d’informer les jeunes générations sur le combat de leurs grands-mères. Un rétropédalage dans ce domaine serait une catastrophe humaine. Le cinéma a raison de proposer des histoires de ce genre. Mais de là à fabriquer du copié/collé, je m’interroge.

Rien à voir, ou presque.

Vous connaissez cet étrange phénomène qui nous fait croire que nous avons déjà vécu un instant, généralement fugitif ? J’y ai longtemps réfléchi, et j’ai trouvé la solution. Il s’agit d’une réminiscence de votre vie antérieure. En effet, à votre mort vous recommencez la même vie sans aucun changement, sauf quelques très légers bugs. Pas con le gars hein ! Peut-être ai-je vu « Annie colère » dans ma vie précédente…

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – mai 2023

L’éclat de Dieu – Romain Sardou

L’éclat de Dieu – Romain Sardou – France Loisirs (XO éditions)

Comme chacun sait, Romain Sardou est le fils de Mireille Mathieu et de Johnny Hallyday. Ce garçon à l’héritage culturel compliqué est un écrivain plutôt talentueux. J’avais apprécié « Pardonnez nos offenses » et me délectais de découvrir cet opus.

« L’éclat de Dieu » est un roman très ambitieux. L’auteur se lance dans une histoire très compliquée dans laquelle il avance une théorie sur beaucoup de choses : Dieu, les origines du monde, les croisades…

Il m’arrive parfois d’écrire que la lecture d’un bouquin fut une épreuve, c’est à nouveau le cas pour celui-ci. D’autant que sieur Sardou situe son intrigue dans deux époques radicalement opposées, le 12è siècle et une période bien plus éloignée dans le temps futur. Tout d’abord, ces deux époques sont bien séparées, mais petit à petit elles se confondent. Et le lecteur que je suis est un peu déconcerté.

Au final, ce roman est intéressant mais un peu trop brouillon à mon goût.

Non, mais culturellement.

© Jourd’hu – mai 2023

Les pieds poites

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je raconte ma journée.

Vous avez été très nombreux, à la suite de l’excellent billet d’hier, à exiger de mes services un bilan complet de ma première journée à la caisse d’un vide-greniers.

Soit, je ne peux rien vous refuser, d’autant que cette journée fut riche en événements comme vous allez pouvoir le constater.

Quelques chiffres pour commencer, si vous le voulez bien.

2576 entrées payantes, un triomphe. Il faut avouer que ma présence au guichet n’est pas étrangère à ce succès. En effet, mon physique avantageux, mon intelligence éclairée et ma répartie légendaire ont attiré les badauds comme la viande attire les mouches. Les femmes se pâmaient, les hommes jalousaient, les enfants riaient.

17 invitations. Avec Banga et Smarties à volonté.

X grugeurs. L’organisation en dénombre, à une vache près, 15, la police 3. Comme la police n’a pas montré son museau, je fais confiance à notre service d’ordre, inexistant.

L’entrée coûtait deux euro et était gratuite pour les moins de seize ans.

Les grugeurs sont des personnes extrêmement inventives. Entre le trafic de billet, le « je vais rejoindre ma belle-mère qui a déballé là-bas », le « si, ce matin vous m’avez tamponné la peau mais je me suis lavé les mains après le repas, je ne suis pas une souillon », le type qui passe, l’air de rien, au milieu d’un groupe assez conséquent, le champion du saut de barrière (après lequel on ne court pas, faut pas déconner non plus) et le « faites pas chier, j’habite de l’autre côté, je vais pas faire un détour j’ai mal aux jambes » (charmant vieil homme qui déambulera dans les allées une bonne partie de l’après-midi).

Mais les grugeurs et les casse-pieds sont quantité négligeable, vraiment. J’ai découvert une autre catégorie qui donne, presque, envie d’avoir foi en l’âme humaine. Les gens honnêtes. De la petite dame qui, revenant l’après-midi, nous dit que son « tatouage » n’a pas résisté à la vaisselle et qui insiste pour payer une seconde fois car nous ne sommes pas tenus de lui faire confiance (elle passera sans payer de nouveau, mais nous nous demanderons si elle n’était pas la reine des grugeuses ; ceci dit, si c’était le cas, son imagination méritait bien une entrée gratuite) à la jeune fille toute timide qui nous tend deux euro en annonçant qu’elle a seize ans depuis deux jours (et que nous ne ferons pas payer en guise de cadeau d’anniversaire). De la dame qui vient nous payer alors qu’elle est déjà dans l’enceinte (personne ne contrôle rien donc cette femme pouvait très bien continuer ses emplettes et garder ses deux euro ; nous n’avons pas compris comment elle était passée…) au sieur qui nous remercie pour la qualité des exposants (près de deux cents) alors que, franchement, nous n’y sommes pas pour grand-chose.

J’ai passé une excellente journée. Je pense que je vais m’inscrire au BEP « Caissier vide-greniers ». C’est La Dame qui sera contente.

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – mai 2023

Mains moites

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, ce soir, je suis stressé.

A 57 ans, demain, je vais faire un truc pour la première fois !

Sauter à l’élastique ? Non, déjà fait.

Sauter en parachute ? Ça va pas non !

Travailler ? Presque…

Allez, je ne vous fais pas languir plus longtemps. Je vais tenir la caisse à l’entrée d’un vide-greniers !

Je sais que je vous en ai parlé l’autre jour, mais là c’est du concret, c’est dans 11 heures tout pile. Je stresse.

Déjà, je ne sais pas comment m’habiller. Je pense que le smoking fera un peu trop guindé. Comme il devrait faire beau, je vais, sans doute, étrenner une jolie petite robe d’été jaune citron. avec un chapeau de paille, des escarpins blancs et une petite touche de rouge sur les joues, je serai la reine du jour.

Ensuite, je me triture les méninges pour faire mon sac. Dois-je apporter du change ? Une ou deux bouteilles d’eau ? Mon carte vitale ? Un bouquin ? Ma mère ? Un casse-croute ? Mon pc pour écrire un chef d’œuvre ? Des chewing-gums pour Emile ? Mon tricot ?

Enfin, je me suis dit que ce serait sympa d’apporter un petit quelque chose à mes collègues. Les petits gestes entretiennent l’amitié. J’ai pensé à des radis mais j’ai peur que ça fasse un peu nouveau riche. Peut-être que des gravillons seraient plus modestes dans la conjoncture actuelle.

Je vous rappelle que si vous vous présentez à l’entrée, fixée à deux euro par personne, contre un petit billet de cinq par personne, je vous fais passer ni vu ni connu.

Bon, je dois vous laisser. Il faut que je m’entraine devant un miroir à dire « Bonjour dame, comment allez-vous ? beau temps n’est-ce pas ? comment va le petit dernier ? et sieur n’est pas venu ? deux euro s’il vous plait ; c’est cher ? en effet, mais c’est pour la bonne cause ; c’est pour acheter de la drogue et des armes ; dame ? merde, appelez les pompiers ! »

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – mai 2023

Antarès (épisode 6) – Léo

Antarès (épisode 6) – Léo – Dargaud

Seul, ou accompagné de l’un de ses camarades (Rodolphe, Marchal, Jamar…), Léo est, indiscutablement, un poids lourd de la bande-dessinée française.

Pourtant, je dois bien reconnaître que le style graphique de Léo n’est pas, a priori, ma tasse de thé. En effet, il ne brille pas dans l’évocation du mouvement ni dans celle des émotions faciales. Son coup de crayon se rapproche davantage du manga que de l’école belge des années 70/80 vers laquelle va ma préférence.

Toutefois Léo est un merveilleux conteur. Je pense que son travail aurait eu autant de succès s’il s’était spécialisé dans le roman. Mais la bande-dessinée apporte aux lecteurs la folie douce de l’auteur, notamment lorsqu’il crée des animaux extraterrestres.

Comme Léo est très productif, si vous voulez le découvrir, il est important de lire son œuvre dans l’ordre chronologique, sinon vous ne pigerez que couic. Donc, dans l’ordre, Aldébaran (5 tomes), Bételgeuse (5 tomes), puis Antarès (6 tomes). Ensuite, vous pourrez découvrir ses multiples collaborations.

Non, mais culturellement.

© Jourd’hu – mai 2023

Trahison(s)

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Connaissez-vous Cat Ballou ? Non ? Vous devriez.

« Cat Ballou » est un très mauvais film de 1965 réalisé par Elliot Silverstein (grand oublié du panthéon du 7è art) avec Jane Fonda, Lee Marvin et Nat King Cole. Ce film est si mauvais, avec une VF particulièrement épouvantable et inaudible, que l’on se demande si ce n’est pas fait exprès, d’autant que le sieur Silverstein est l’auteur d’un des meilleurs films de l’univers, « Un homme nommé cheval » avec Richard Harris (autre grand oublié du 7è art).

Lorsque j’ai vu, par hasard, que Ciné+Classic programmait Cat Ballou ce soir, j’ai pratiquement bondi jusqu’au plafond. Voilà je ne sais combien de temps que j’attends qu’une chaîne de télévision daigne diffuser l’un des meilleurs souvenirs cinématographiques de ma tendre enfance.

La mémoire nous joue bien des tours. Ou est-ce juste le temps qui passe ?

Je suis à peu près certain d’avoir vu ce film alors que j’avais entre huit et dix ans, lors d’un séjour chez mes grands-parents, vu que chez moi, le cinéma télévisé, le cinéma tout court d’ailleurs, c’était niet. Je m’imagine bien, mes grands-parents et moi, nous esclaffant devant la transformation du personnage joué par Lee Marvin (Oscar du meilleur acteur !), nous interrogeant sur la nécessité de donner des accents improbables à plusieurs personnages (à moins que les doubleurs eussent été ivres morts, ou alors un pari, je ne sais, sauf que c’est atroce), ne nous doutant pas un instant que nous visionnons un western woke vu que le rôle principal est tenu par une femme et que l’un de ses amis est un Amérindien. Je suis, également, convaincu que nous avions passé une excellente soirée.

Voilà quelques années, j’avais éprouvé exactement la même déception devant mon film d’enfance préféré. Il s’agissait de « L’arbre de Noël » de Terence Young avec William Holden, Bourvil (dans un rôle dramatique) et Virna Lisi. Une purge qui avait enthousiasmé le petit garçon que j’étais.

Récemment, je vous ai exprimé mon plaisir de (re)voir des vieux films, au moins trente ans de bouteille. Bon, je revois, un peu, mon jugement.

Est-ce la mémoire qui nous trahit, ou le temps qui passe sans ménagement ?

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – mai 2023

Mise en plis

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me raconte.

J’aime les petits bonheurs de la vie. D’ailleurs, je crois que je ne connais personne qui n’aime pas les petits bonheurs de la vie.

J’aime les événements inattendus qui font naitre un sourire sur mes lèvres purpurines. Pas les grands cirques de la vie. Pas les trucs que l’on vit une seule fois, ceux qui sont programmés pour la plupart d’entre nous. Comme les naissances des enfants. J’ai d’autant apprécié la naissance de chacun de mes enfants que je n’en ai aucun (« à ma connaissance » comme dit le gros beauf). Comme la rencontre amoureuse qui bouleverse la vie pour toujours. Enfin, d’après ce que j’ai entendu ici et là. Comme le décès de la vieille tante inconnue qui vivait aux Statesses et qui avait placé sa pension de retraite dans des actions Tesla en 1998 et dont vous êtes l’unique héritier.

Non, les petits bonheurs.

Comme l’espace bleu entre les nuages (emprunt à Cosey, allez voir sur Gogol si vous ne connaissez pas). Comme le coin d’oreiller frais lors d’une nuit trop chaude. Comme le sandouiche merguez à la kermesse. Comme une chanson oubliée réentendue par hasard sur une radio improbable. Comme l’observation d’une famille de hérissons. Comme « C’est pas faux ».

Toutefois, l’un de mes petits plaisirs favoris est de recevoir du courrier. Vous voyez, malgré ma renommée interstellaire j’ai su rester simple. J’aime ce moment suspendu, lorsque la clé approche de la boite aux lettres. Le grincement de la porte. La découverte du petit tas d’enveloppes.

Auparavant, le plaisir était différent car dans le monticule épistolaire se glissaient davantage de factures que de vrais courriers. Aujourd’hui, les factures sont dématérialisées. Il ne reste que les lettres manuscrites émises par quelqu’un qui vous veut du bien. Et les prospectus. Et les demandes de don. Et les informations de cette saloperie de caisse de retraite à laquelle j’ai dû verser l’équivalent du PIB du Burkina Fasso et qui m’annonce que, dès que je serai éligible, ils auront l’honneur de m’enrichir de 23,46 euro (sans « s » donc pour faire plaisir au vieux singe) par an jusqu’à ce que mort s’ensuive (sous-entendu, le plus tôt sera le mieux). Et les informations de différents organismes qui vous préviennent, dans l’équivalent de l’intégrale de le « Comédie humaine », qu’ils vont arrêter de correspondre avec vous au format papier sous peine de mettre en danger la survie des renards bleus du Kirghizistan mais qu’ils continueront à vous envoyer, annuellement, toute une documentation en deux exemplaires, dans le but de vous faire voter à un truc dont vous vous foutez comme de l’an 1000.

J’aimerais juste recevoir davantage de courrier (ceci n’est pas une demande déguisée).

Et j’aimerais aussi que notre chère poste mette un peu moins d’une semaine (minimum) à faire parvenir des petits colis dans l’hexagone, alors qu’ils mettent moins de temps à traverser la planète (si, j’ai testé).

Non, mais sérieusement.

© Gifnem29 – mai 2023