Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.
Comme chaque matin, je cheminais vers le centre ville (à force de pratiquer le même chemin, j’use le trottoir, j’espère que la municipalité ne va pas me demander des comptes) lorsque je rencontrais, comme presque chaque jour, un gentil petit chat roux. Sauf qu’aujourd’hui, le félin était allongé sur le bitume, sans réaction, la fourrure toute emmêlée et poisseuse, des mouches en approche, bien que, par ailleurs, il possédât un joli minois et fût très bien peigné. Pour moi, aucun doute, le petit animal était passé sous la voiture d’un/une enfoiré/e qui n’avait pas pris le temps de s’arrêter. J’hésitais à le déplacer au cas où il aurait été blessé, pour ne pas le faire souffrir, et, je le reconnais, pour éviter un coup de griffes ou de dents.
Je suis allé sonner aux portes les plus proches, sans succès. Puis la factrice, de passage, m’a conseillé de frapper à la porte d’une maison qui me semblait inoccupée, mais qui ne l’était et, selon ses dires, accueillait un monsieur et ses chats. Au bout de cinq minutes, une tête est apparue à l’étage. Je lui ai demandé s’il s’agissait de son chat, c’était le cas. Une fois descendu, il ne s’est guère inquiété de l’état de son chat, ni de sa tenue vestimentaire (la sienne, pas celle de son chat). Un monsieur visiblement sous traitement, pas dépositaire des fonctions basiques de l’être humain. Bizarrement, l’animal s’est levé quand il lui a tapoté le croupion. Tant mieux, il n’était pas blessé. Il n’en demeure pas moins que la petite bête n’aurait pas couru un marathon vu son état général. Je me suis éclipsé, après avoir dit à l’homme qu’il serait judicieux de nourrir son animal, mais j’ai continué à penser à Raminagrobis (nom que mon géniteur voulait donner à un de nos chats, au moins ce n’était pas Adolph ou Benito, qui fut, finalement, baptisé Gaston).
Ne serait-il pas une bonne idée d’imposer un permis de posséder (je n’aime pas trop « posséder » en la matière), d’héberger un animal de compagnie ? Je me moque souvent des chienchiens à leur mémère, mais au moins les bestioles semblent heureuses, et bien nourries.
Tant que j’y suis.
Est-il normal d’imposer à des animaux des tortures, certes chirurgicales, afin d’en limiter la propagation ? La stérilisation imposée (il est rare que la bête donne son aval) me semble une barbarie. D’autant que en matière de surpopulation, je connais une autre espèce… Mouais, mieux vaut que je me taise tiens.
C’est comme ces personnes qui haïssent les chats parce que ceux-ci tuent les oiseaux. Mais elles ne détestent pas les oiseaux qui mangent les insectes. C’est la nature. Le chat chasse, c’est tout.
Si Raminagrobis est dans le même état demain, j’appelle la SPA.
Non, mais sérieusement.
© Gifnem29 – août 2022