Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.
Nous vivons actuellement les marées d’équinoxe de printemps. Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas la lumière à tous les étages, les marées d’équinoxe sont des grandes marées ayant lieu deux fois par année, au début du printemps et au début de l’automne. A ces périodes, les coefficients atteignent des 110 voire 120. Autrement dit, c’est la fête de la vague. Mais pas celle des dunes.
En effet, le mouvement perpétuel de la mer ronge peu à peu les collines de sable parsemées d’oyats et de chatons. Les habitations en bord de mer observent d’un œil inquiet les millions de grains qui décident de migrer sous d’autres cieux plus cléments. Déjà, certaines demeures de la côte ont fait le grand plongeon, ce qui entraine bien des inconvénients tant au niveau de la pollution qu’à celui de l’offre immobilière. Bientôt, seuls des Russes ivres feront des propositions mirobolantes pour acquérir ces propriétés sinistrées. Ou des Chinois sobres.
Les nouveaux venus se délectent de paysage comme celui-ci.

Il s’agit de la vue qui m’agresse tous les jours. Comme vous pouvez le constater, ce cliché a été pris à marée basse. Le même, à marée haute vous surprendrait. Derrière la baie, vous verriez se mouvoir la faune maritime et les algues brunes. Bon, pas tout de suite, mais d’ici deux cents à trois cents mille ans, ce sera le cas (un copain qui vécut dans cette maison pendant quelques mois fit croire à une de ses conquêtes qu’à marée haute on voyait les poissons ; comme quoi, en Bretagne, nous n’avons pas que des prix Nobel).
Je doute que la maison supporte un tel changement environnemental, mais si c’est le cas, les futurs propriétaires disposeront d’un magnifique aquarium inversé. Ce sont les poiscailles qui viendront tapoter la vitre pour voir bouger les humains et se moqueront d’eux parce qu’ils tournent en rond dans leur maisonnette.
Non, mais sérieusement.
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