Derniers maux

Une tradition assez étonnante voulait, à l’époque de la monte-à-regret que les condamnés à mort éprouvent un besoin de graver quelques dernières paroles dans l’esprit des gens venus assister à leur exécution. Imaginez qu’à une époque, c’était un spectacle populaire et familial. Les gens venaient s’installer tôt le matin pour bénéficier des meilleures places afin de profiter au mieux du cours d’anatomie administré par l’état par le biais du bourreau. La charge de bourreau était héréditaire. Si vous naissiez fils de bourreau, inutile de vous casser la tête à faire des études, votre avenir était tout tracé. Il paraîtrait que dans un cas ou deux le bourreau n’ayant engendré que des filles, la charge fut donc attribuée à une jeune femme. Avant l’invention humaniste de la guillotine, il fallait de sacrés biscotos pour soulever la hache avant de l’abattre le plus habilement possible sur la nuque de la personne condamnée. Il fallait aussi plutôt bien connaître l’anatomie humaine car il arrivait, assez rarement cependant, qu’un supplicié soit roué vif. Cet art consistait à attacher l’homme ou la femme le dos contre une large roue en bois, et à lui casser au moyen d’une barre de fer, tous les os les uns après les autres. Enfin, encore plus rarement car c’était pour le supplice du régicide, le bourreau devait maîtriser l’art équestre afin de procéder à l’écartèlement de celui ou celle qui avait attenté à la vie du roi. En outre, il ne fallait pas craindre le feu car il s’agissait d’être capable d’allumer correctement le bûcher d’une sorcière sans se brûler les doigts. Savez-vous d’où vient la croyance qu’un pain retourné sur une table porterait malheur ? Encore une histoire liée au bourreau. Le boulanger de la ville était dans l’obligation de confectionner spécialement, chaque jour, un pain pour le bourreau. Afin que personne ne s’empare dudit pain, il le retournait sur son étal.

Je pourrais vous en conter de belles sur les bourreaux, ils me passionnent. Mais revenons au sujet du jour.

Il est de notoriété publique que Marie-Antoinette, en montant à l’échafaud, aurait marché sur le pied de son bourreau et se serait exclamée ; »Excusez-moi monsieur ». Tout le monde sait aussi que Robespierre (ou Jean-Marc Thibault, je ne sais jamais) aurait dit à son bourreau : »Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut le coup ».

Mais il en est d’autres, moins connues, ou tout bêtement inventées de toutes pièces par votre serviteur.

Louis 14 (ou un autre roi, ne chipotez pas) à l’homme qui avait essayé de l’assassiner et qu’il connaissait bien :

-« Par égard pour notre vieille amitié, je vous laisse le choix. Comment désirez-vous mourir ?

– De vieillesse votre majesté. »

Un condamné à la guillotine aperçoit dans l’assemblée une petite femme qui se hisse de son mieux sur la pointe des pieds pour jouir du spectacle :

-« Un peu plus sur votre gauche madame ».

Un bourreau à un condamné à l’écartèlement :

-« J’ai la douleur de vous annoncer que vos quatre membres vont se désolidariser de votre corps. Votre bras droit se dirigera vers l’ouest, votre bras gauche vers l’est, votre jambe droite vers le nord et votre jambe gauche vers le sud.

– Et vous n’avez même pas de boussole ! »

Un lord anglais condamné pour haute trahison, à son bourreau :

-« Veuillez vous presser, monsieur, sinon vous raterez l’heure du thé ».

Une sorcière condamnée au bûcher :

-« Pourvu qu’il pleuve ».

Un bourreau à un criminel condamné à la pendaison.

-« Rassurez-vous la corde est solide.

-Je sais, c’est moi qui l’ai tressée ».

Un bourreau à une femme condamnée à la pendaison :

-Pardonnez-moi, madame, un léger incident technique retarde votre exécution. Je fais au mieux pour remédier à ce désagrément.

-Prenez votre temps ».

Un bourreau à un condamné :

-« Une cigarette ?

– Non merci, c’est mauvais pour la santé ».

Non, mais sérieusement.

Gifnem29

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2 commentaires sur “Derniers maux

  1. Cette habitude de charge qui se transmettait de père en fils se trouvait dans beaucoup de métiers.
    Par exemple, les croque-morts. Un fils de croque-mort devenait croque-mort. À ce sujet, il est intéressant de noter l’origine du mot croque-mort. Pour s’assurer que l’individu eût bel et bien rendu son dernier souffle, afin de ne pas l’enterrer vivant, ce qui était mal vu, à l’époque, on lui mordait le gros orteil.
    Un croque-mort n’ayant eu qu’une fille, celle-ci reprit la charge. Voilà-t-y pas qu’un beau jour, on lui amène un présumé macchabée cul-de-jatte. La pauvresse, ne pouvant lui croquer l’orteil, dut se rabattre sur un autre appendice situé un peu plus haut chez les hommes mâles ayant des jambes, mais absent chez les hommes femelles, avec ou sans jambes. Le reliqueux goûta tellement le traitement subit qu’il se réveilla, son anatomie ne cachant rien de l’effet que lui avait fait l’initiative de la jeune personne.
    C’est depuis ce jour que l’on parle de pompe-funèbre.

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