Théââââââââââtre

Je ne sais pas vous, cher lectorat attentif, mais moi, parfois, je me demande.

Monsieur Jean-Baptiste Poquelin a 400 ans. Bel âge. L’âge de passer la main. De laisser la place aux jeunes.

Je déteste le théââââââââââtre, et particulièrement celui de Jean-Bapt’. A une époque de ma vie, je devais user de stratagèmes plus ou moins honnêtes afin de ne pas imposer à des adolescents, plus proches de Youtube que de la Comédie Française, l’étude de ses pièces imbuvables, désuètes et illisibles pour la plupart.

A chaque année de collège était dédiée une œuvre. « Le médecin au volant » en sixième, « Les fourberies de ce lapin » en cinquième, « Le bourgeois un peu con » en quatrième » et « L’ami Zantrope » en troisième. Je vomissais quatre fois par an, et les gamins aussi.

Alors, j’ai rusé.

Pour les sixièmes, j’ai écrit des saynètes que je leur ai fait jouer (si vous n’êtes pas sages, je vous les imposerai, un jour). En cinquième, je leur passais la version de Scapin avec Smaïn et Mouss Diouf, des tags et du rap, sans dévier d’une virgule du texte original, un must. Et basta. En quatrième, je les emmenais en stage de théââââââââââtre, avec des profs qui se la racontaient tellement que 99% des gosses étaient dégoûtés à vie. Enfin, en troisième, je leur refilais une liste de textes de chanteurs qui ne risquaient pas de se retrouver dans leurs playlists (Reggiani, Laforêt, Perret, Le Forestier, Corringe, Manset, Thiéfaine, Guichard, Renaud, Delpech, Bécaud, Barbara, Lama, Gréco, Aznavour, Sylvestre, Allwright et quelques autres). Ils devaient choisir un titre, l’apprendre par cœur, et créer une petite mise en scène qu’ils présentaient devant la classe. Grâce à ce subterfuge, je faisais d’une pierre plein de coups. Du théââââââââââtre, de la poésie (que j’évitais le plus possible aussi, mais pour d’autres raisons que je vous conterai une autre fois), de la découverte de textes à des années-lumière de l’univers des gamins, et en plus, je prenais un pied d’enfer. J’ai même vécu mon meilleur moment en 25 ans, lorsqu’une jeune fille a mis en scène « Je suis malade » et a bluffé absolument toute l’assemblée. Tout le monde pleurait, sauf moi, faut pas déconner non plus, mais de justesse.

Les pièces de JB étaient déjà molles hier, alors, aujourd’hui, cela ne s’est pas arrangé. Et après, on s’étonne que les gamins haïssent le théââââââââââtre.

Je suis très agacé car je ne suis pas parvenu à glisser l’excellent calembour « mot-lierre » dans mon billet.

Non, mais sérieusement.

Gifnem29

23 commentaires sur “Théââââââââââtre

  1. Ah ben alors je peux le dire aussi : JE N’AI JAMAIS AIMÉ MOLIÈRE, JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS !!! dire que je croyais que c’est parce que j’ai fait cancre durant presque toute ma scolarité !… il m’a fait détester le théâtre, j’ai longtemps cru que le théâtre c’était uniquement lui, tant j’ai écumé (de force avec l’école) toutes ses pièces lors des sorties « culturelles ». Ouf, il y en a un autre qui n’aimait pas non plus, je me sens soudain moins seule !

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  2. « Molière est l’enfant chéri de Pézenas. Son passage a laissé beaucoup de souvenirs et d’honneur. »
    Ainsi, pour son anniversaire sera joué L’ami Zantrope, mise en scène de Boby Lapointe, sur la grand place de Pèze-Nasse. Qu’on se le dise !

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    1. PS : 2022 est une année exceptionnelle pour la ville de Pézenas. En effet la ville célèbrera les 400 ans de Molière et les 100 ans de Boby Lapointe. Deux artistes “nés” à Pézenas, Molière (en tant qu’homme de théâtre”) et Boby Lapointe (vrai natif de Pézenas 🙂

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  3. J’ai pas rangé ma chambre et sauté sur mon lit, j’ai tagué mon allée de garage à la craie, j’ai griffé mon chat, j’ai tiré la langue à mes enfants, j’ai gravé un NTM sur mon bureau et j’ai pas dit bonjour aux voisins … une vraie rebelle pas sage … donc maintenant, j’ai droit aux saynettes que vous avez écrit? Hein ? Hein ?
    Siou plait m’sieur ! 🥺

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